J'aime les films politiques. Je ne sais pas si c'est mon côté ado pseudo-anarchiste dans l'âme, ma propension au prolétarisme vindicatif, mon enfance passée à écouter mes aïeuls parfois syndicalistes toujours ouvriers, mais le fait est là : j'adore Rosi, Costa Gavras, et gardais un excellent souvenir de ce I... comme Icare.
A la revoyure, difficile de faire l'impasse sur plusieurs défauts : un rythme un peu bâtard (l'excellente scène de l'expérience de Milgram, trop longue), un déséquilibre entre simplification du propos et opacité de certains éléments narratifs, un casting pas toujours au top, et un côté superficiel, forcément, quand on a le JFK d'Oliver Stone en tête.
Qu'importe : le film de l'immense Verneuil (oui, ce cinéaste mérite d'être mieux reconnu dans l'Histoire du cinéma) est une oeuvre puissante, portée par un Yves Montand en état de grâce, dix ans après Z et L'Aveu, et partitionnée à merveille par Ennio Morricone. Que le film soit une référence à l'assassinat de Kennedy et reprend de nombreux éléments du livre de Jim Garrison importe finalement peu : sous ses airs de thriller politique, le film est une ode à la vérité, à l'accomplissement de soi envers et contre tout. Verneuil n'a eu de cesse, au fil de sa carrière, de filmer des personnages jusqu'au-boutistes, de ceux qui foncent dans le mur par principe plus que par obligation, des hommes en quête de liberté - financière, morale ou intellectuelle. I... comme Icare n'échappe pas à cette quête sans fin, si ce n'est celle de tout perdre in fine, à l'instar d'Icare et de sa nouvelle liberté.
Bien plus profond qu'il n'y paraît, synthèse du cinéma de Verneuil, I... comme Icare est un grand film, à défaut d'être le chef-d'oeuvre du cinéaste. La différence reste cependant infime.