Dans un Singapour en pleine crise économique, Anthony Chen nous présente une famille constituée d’une mère enceinte, d’un père peu présent et de leur fils désobéissant, Jiale. Les parents font alors appel à une nounou philippine, Teresa, surnommée "Terry" durant le film. Tout au long de l’œuvre, on observe une complicité naissante et découvre la complexité de certains personnages.
L’histoire commence dans un bureau au cœur de Singapour. Une femme reçoit un appel de l’école de son fils : il se comporte de manière perturbatrice. Prise de court, elle quitte son travail pour se rendre à l’école avec lui.
Cette scène est particulièrement intéressante, car elle nous plonge immédiatement dans le contexte du film tout en introduisant subtilement le second enjeu : la crise économique dans laquelle le réalisateur a grandi.
Après cette scène, la mère fait appel à Teresa en tant que nourrice. Au début, la relation est difficile, car Jiale a du mal à gérer ses émotions. Mais au fil de l’histoire, le lien entre le garçon et Teresa se renforce et devient plus harmonieux.
La caméra observe les scènes plus qu’elle ne porte de jugement. Le film utilise des repères originaux pour montrer le passage du temps : le père de Jiale lui offre des poussins, que l’on voit grandir puis consommer, indiquant que l’histoire s’étend sur plusieurs mois.
Les relations humaines compliquées sont régulièrement mises en avant, avec des mensonges, de la jalousie ou des rabaissements, soulignant la complexité des interactions au sein de la famille.
Les personnages sont assez complexes. On ne connaît même pas le prénom des parents de Jiale, qui apparaissent surtout comme des figures du quotidien, contraintes par les exigences du capitalisme : des prolétaires faisant appel à une immigrée pour travailler.
Certains passages mettent également en lumière le racisme auquel sont confrontés les Philippins à Singapour, soulignant les tensions et inégalités sociales.
À travers le quotidien de la famille et la complicité qui se noue avec Teresa, Anthony Chen nous offre un récit à la fois personnel et universel. Le film explore avec finesse les rapports humains, les inégalités et les tensions sociales, tout en montrant que l’émotion la plus profonde peut se lire dans les gestes les plus simples.