Rarement l'épisode final d'une trilogie aura réussit à faire la synthèse des deux premiers chapitres. Empruntant exclusivement les qualités de ses ainés, La dernière croisade se présente comme le film d'aventure parfait tant les éléments qui le composent sont exempts de défauts.


Je ne résiste pas à la tentation d'énumérer les artisans de ce chef d'œuvre. On commence par Spielberg, au sommet de son art, qui place et déplace sa caméra avec une intelligence jouissive. Les plans sont toujours réfléchis, les mouvements millimétrés, le montage lisible. Ce cinéma est jubilatoire dans son inventivité, sa générosité et son ingéniosité. Cet art de la débrouille où les effets visuels n'étaient pas encore sacrifiés sur l'autel du dieu numérique. Ce plaisir de gosse de voir évoluer de vrais véhicules dans de vrais décors, cette sensation de pouvoir ressentir un film de manière organique. On ressent la matière, sensation oubliée avec les nouvelles productions et leurs décors sur fond vert et leurs accessoires de pixels.


Sans faute également sur l'écriture. Scénario comme dialogues tissent une intrigue qui jamais ne perd l'intérêt du spectateur. Le rythme est d'une rare justesse, l'équilibre entre les différents genres savamment dosé. Action, énigme, comédie, aventure, poursuite, romance, frisson... Lucas et ses comparses livrent une écriture inspirée qui, malgré l'univers fantasque où évolue notre famille d'archéologues, garde un soucis de cohérence tout le long. Le plus étonnant reste la place accordée à l'humour qui propulse cet ultime épisode (non il n'y a pas d'épisode 4) au rang du plus drôle de la trilogie. Le duo Ford/Connery fonctionne à la perfection et on se régale à chaque instant de leur jeu varié et espiègle. Les acteurs ont pris un énorme plaisir dans ce film et on le voit à chaque plan. Une moue de Henry Jones, une petite phrase récurrente, un soulagement, un émerveillement, un sourire en coin, un étonnement... tant d'images me reviennent, toutes porteuses d'émotions.


La partition de John Williams sait se faire épique, enjouée, mystérieuse, complice, joyeuse, toujours en adéquation avec la scène qui défile. Il suffit d'écouter la BO pour revoir le film défiler dans notre tête. Le film se permet même le luxe d'ébaucher une relation père-fils émouvante et crédible. Résumée en quelques scènes qui, malgré leurs brièvetés, font toujours mouche.


La dernière croisade est un chef d'œuvre. Un film de divertissement certes, mais un chef d'œuvre. Spielberg et son équipe on construit un film généreux et honnête. Le plaisir éprouvé par ses architectes lors de sa réalisation confère au film une aura particulière qui ne peut laisser un spectateur insensible. La dernière croisade est un film rassembleur qui expose une certaine idée du cinéma de divertissement. Et cette idée là, moi, j'adhère pleinement.

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le 13 avr. 2015

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Alyson Jensen

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