Très bonne surprise que cet indomptable. Vu que j'ai une vie de Robinson Crusoe coupé de toute promo, je ne savais pas à quoi m'attendre, mais je pensais assez naïvement à une comédie, puisque ce que je sais (ou croyais savoir), c'est que Thomas Ngijol est un humoriste.
Or, Indomptables c'est plutôt un tableau assez sombre d'un Cameroun complexe et en difficulté. Assez sombre mais néanmoins pas totalement pessimiste. L'amour sincère que porte Ngijol au pays se sent et apporte sa part salutaire de nuance.
Le protagoniste, commissaire de police enquêtant sur le meurtre d'un collègue, est un homme qui se rêve en grand défenseur de la probité et de l'honneur dans un pays gangréné par la corruption et la bricole minable. Dans les faits, il se montre très rigide et parfois presque inhumain, non seulement avec ses suspects, mais encore plus avec sa propre famille.
Bien que son accent camerounais semble parfois un peu forcé (mais je n'ai pas l'oreille assez experte pour être formel sur ce point), Thomas Ngijol est plutôt convaincant dans ce personnage violent, sur la corde raide, conscient de son imperfection mais raidi par une fierté inflexible et un surmoi écrasant.
La réalisation est assez basique, mais efficace. La photo est chouette. On a même droit à quelques jolis plans contemplatifs de Yaoundé, accompagnés par une bande originale d'excellente facture. En termes d'atmosphère ça lorgne vers le Miami Vice de Michael Mann (2007). J'ai aussi pensé à Memories of Murder : on s'intéresse davantage au processus d'enquête et à ses moteurs secrets qu'à l'enquête elle-même. L'aspect humain et imparfait des policiers et de leurs motivations est central. Enfin (SPOILERS) on finit avec un étrange sentiment d'échec judiciaire, tant les aveux et la reconstitution semblent téléguidés, et les moyens pour y parvenir semblent injustement cruels.
Bref, je suis plutôt emballé par un film francophone aussi propre, tendu et direct tout en étant sincère et simple.