Invasion n’est pas une suite mais une sorte de « film parallèle » qui reprend exactement la même histoire que le précédent film de Kurosawa, Avant que nous disparaissions. Nous sommes donc toujours dans la lignée du modèle du genre, L’invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel, avec toujours le même point fort, et original par rapport au modèle, le « vol de concepts ». Avant que nous disparaissions était assez inhabituel pour un film de Kurosawa car il y avait des ruptures de ton, des changements de registre, des scènes d’action un peu spectaculaires alors qu’ici l’histoire se concentre sur un tout petit nombre de personnages, essentiellement un couple, avec peu de scènes d’action et pas d’effets spéciaux. On retrouve ce qu’il y a de meilleur chez Kurosawa, son génie à représenter ce que l'on pourrait nommer, en reprenant les mots de Freud à propos du rêve, « l'inquiétante familiarité », ainsi que son sens du cadrage et du déplacement de la caméra. Malgré quelques longueurs, ce film confirme qu’en ce qui concerne le fantastique et la science-fiction, ce que fait Kurosawa fait partie de ce qui est le plus excitant intellectuellement à l’heure actuelle et que nous avons bien affaire à un auteur dont on reconnaît le style dès les premières secondes du film. Pour les nancéiens, le film est disponible à la médiathèque de la Manufacture dans une très bonne copie des éditions Arte.