Il s'agit officiellement du portrait de J. Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 à 1972. En réalité, il s'agit d'un subtil mélange entre le sentimentalisme d'Eastwood dans « Sur la route de Madison » et le crépuscule de son personnage dans « Million Dollar Baby »
Mais patience : d’abord, l’évocation du superflic (DiCaprio, inspiré, transformé) est impitoyable : autoritarisme ignoble, pratiques d’investigation et de fichage illicites, chantages au scandale sexuel.La poignante complexité de cette histoire se concentre sur la vie privée de J. Edgar Hoover. Durant près d'un demi-siècle, il a entretenu une relation quotidienne, incluant déjeuners, dîners et week-ends, avec son bras droit, Clyde Tolson, à qui il a légué l'intégralité de ses biens. La nature exacte de cette relation demeure indéterminée. Néanmoins, Eastwood la met en scène avec retenue et finesse, la présentant comme un aspect fondamental de la personnalité de son personnage. Étrangement, J. Edgar restera comme l’un de ses rares films d’amour. À la fin, le film montre aussi un homme qui ne sait pas s’arrêter et s’acharne à continuer, au fil des décennies, avec les mêmes collaborateurs et les mêmes ennemis — des communistes, même quand il n’y en a plus. Dans son empire du renseignement, il accumule des secrets compromettants sur huit présidents successifs pour mieux se maintenir, mais ne dispose d’aucun dossier à opposer au temps qui passe.