John Wick 4 est un jeu vidéo. Ou plutôt un grand milkshake de jeux vidéo. Du jeu de course, au beat them all, en passant par de l'arcade, du shoot them up... Bref, le genre de cocktail sur lequel on ne se jette d'emblée, si l'on ne veut pas risquer l'indigestion. Pourtant, les précédents opus avaient su éviter les différents écueils dans lequel un tel projet pourrait se vautrer. Alors qu'en est-il de cette suite, qui pousse les curseurs encore plus loin ? Peut-on se ruer sans risque en salle ou faut-il prévoir le risque de passer la nuit aux toilettes, comme après le fameux combo raclette/kebab/pizza ?

L'histoire est basique ; Keanu est en colère et veut se venger. Ne cherchez pas d'originalité du côté de l'histoire. Ne cherchez pas non plus de nuance du coté des personnages ; ce ne sont pas des personnages mais des fonctions. Untel est méchant. Untel est gentil mais se comporte comme un méchant parce que les méchants sont méchants avec lui. Si vous connaissez la saga, je ne vous apprends rien. Tous les sujets sur lesquels j'aime tant pinailler d'habitude, les voilà évacués, comme mon reste de pizza/omelette/paella.

Non, ici, il n'est question que d'actions. C'est le parti pris des créateurs de la série depuis le premier film et ce quatrième opus ne déroge pas à la règle. Le film assume ce caractère grand spectacle débridé et s'y complaît même, si bien qu'on arrive très vite à se demander ce que l'on regarde vraiment. Dans la forme, John Wick 4 est plus proche d'un jeu vidéo. Il en reprend un grand nombre de codes sans s'en cacher. Keanu Reeves combat des vagues d'ennemis, à l'aide power up, comme la boule de feu ou d'équipements comme sa veste par balles. Il progresse ainsi de niveaux en niveaux, avec quelques cinématiques peu intéressantes entre chaque phase de bagarre. Mais est-ce intéressant de regarder un jeu vidéo ?

L'intérêt du gameplay de John Wick 4 se situe dans sa variété. Exit les phases de beat them all classiques, le film-jeu revisite les grands classiques de l'arcade. Tantôt, Keanu Reeves se retrouve à devoir traverser une route. Tantôt, il doit, à la manière d'un Donkey Kong, grimper tout en haut, pour rejoindre son adversaire qui lui lance des tonneaux d'ennemis. L'action se renouvelle donc sans cesse, à travers des idées de mise en scène presque toujours innovantes. Regarder John Wick, ce n'est pas juste regarder quelqu'un jouer à un jeu vidéo. C'est plutôt regarder les meilleurs joueurs du monde jouer à plusieurs jeux en simultanée. L'expérience en devient enivrante, régressive et haletante, si bien que l'on ne s'ennuie jamais, malgré la très longue durée du film.

Dans ce quatrième opus, tous les curseurs ont été poussés au maximum. La plupart du temps, ça marche très bien ; la musique nous emporte dans des scènes folles, si bien qu'on pourrait contempler Keanu Reeves esquiver des voitures autour de l'arc de triomphe pendant des heures. Malheureusement, le film se perd parfois dans sa volonté d'aller toujours plus loin. Les références au monde du jeu vidéo n'étaient apparemment pas suffisantes, il a fallu que le réalisateur nous propose une séquence façon Hotline Miami, avec un vue de dessus sur l'action. Cette scène est, à mon avis, le moment où le film met en péril son dangereux équilibre. Il vacille et chute de la ligne de crête sur lequel il progressait si bien. On tombe dans une parodie, où les enjeux sont complètement effacés, au profit de toujours plus d'actions et de références lourdes. Pour être honnête, à ce moment précis, je me suis senti comme devant mon plat de lasagnes, après avoir enchaîné tacos couscous.

A vouloir faire trop, le film trébuche donc par moments. Heureusement, il ne s'agit que de rares scènes, qui sonnent fausses par rapport à un ensemble très maîtrisé.

Pour conclure, John Wick 4 est un excellent défouloir. Les cascades sont époustouflantes et sublimées par les idées de mise en scène qui s'enchaînent sans laisser une minute au spectateur pour réaliser à quel point ce qu'il est en train de voir est fou. Quelques faux pas ternissent malheureusement la copie générale, mais on ne saurait pour autant bouder notre plaisir.

PadawanLéo
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le 1 avr. 2023

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