APRÈS SÉANCE


Vous n’allez pas le croire… Moi-même, je n’y ai pas cru : ils ont RE-créé génétiquement un nouveau dinosaure ! Vous pensiez avoir tout vu avec l’Indominus Rex de Jurassic World ? Pauvres ignorants ! Attendez de voir la nouvelle création d’InGen répondant au doux nom d’Indoraptor. Encore plus puissant, encore plus rapide, encore plus intelligent ! Mais pour celui-là, InGen a sorti du placard une excellente idée pour contrôler la bête : un pointeur laser. Vous savez, comme ces vidéos de chats qui grimpent sur les murs ou aux rideaux en tentant d’attraper la petite lumière rouge… Alors dit comme ça, c’est drôle. Ça l’est un peu moins lorsqu’on comprend qu’il s’agit d’une des nombreuses fausses « bonnes idées » d’un scénario à 175 millions de dollars. Parce que oui, il y a énormément de problèmes d’écriture dans ce sequel de reboot, symptomatique d’une industrie cinématographique en manque d’originalité créative.


Reprenons depuis le début : Trois ans après la fermeture de Jurassic World, les dinosaures sont encore Isla Nublar. Mais son volcan jusque-là en sommeil entre progressivement en irruption. Que faire alors de ces créatures destinées à une fin imminente ? Sous l’impulsion du mystérieux Eli Mills (Rafe Spall), Claire et Owen (Bryce Dallas Howard et Chris Pratt) organisent une expédition pour sauver le plus d’espèces possibles dont le raptor Blue. En réalité, Claire et Owen se retrouvent embarqués au sein d’une conspiration qui les dépasse complétement.



SUR LE FOND : 3,5 étoiles



Je ne sais pas par où commencer. La trame principale sans grands intérêts, les intrigues secondaires complètement bâclées, les personnages stéréotypés et agaçants ou les incohérences scénaristiques ? Pourtant, j’y ai presque cru. Les trente premières minutes sur l’île sont plutôt sympas, mise à part la scène d’introduction qui fait office de bandeau d’information :



ATTENTION : Les personnages du film que vous êtes en train de regarder sont d’une idiotie affligeante. Ne faites pas ça chez vous !



Malheureusement, cela se gâte très rapidement. On voit bien que le film tente d’aborder des thèmes anti-spécistes mais c’est tellement inefficace. A mon sens, le film énervera probablement les personnes déjà sensibilisées à cette cause, et ne déclenchera pas de prise de conscience chez les autres. On ne s’attache pas à ces petites bêtes jurassiques (qui datent en réalité du crétacé pour la plupart) faute d’avoir le moindre plan d’exposition. Tout ce que nous montre le film, ce sont des monstres qui essayent de croquer Chris Pratt. Le levier émotionnel ne fonctionne pas, tant il est donc difficile de faire la connexion avec les espèces animales bien de chez nous. Du coup, ça fait pschitt durant les scènes grossièrement tire-larmes comme celle du pauvre brachiosaure resté sur le quai, criant à l’aide et se faisant immergé par les fumées volcaniques. Bah oué, mais fallait avoir un moins long cou et de plus grandes pattes mon grand ! Ça aurait vraiment pu être touchant, et je pense ça l’a été pour un certain nombre de spectateur, mais personnellement ça n’a pas fonctionné.


Il est vrai que Jurassic World 2 pose plein de questions, mais pas forcément les bonnes. Parmi ma liste non-exhaustive d’interrogations :



  • Pourquoi les personnes chargées de missions dangereuses ne sont
    jamais adaptées à leur mission ? Comme les personnes dans le
    sous-marin en chemise à fleurs, ou la personne ouvrant le sas sans
    aucune arme malgré la possible présence d’un PUTAIN DE T-REX ?

  • Pourquoi avoir construit le nouveau parc sur une île volcanique ?

  • Pourquoi les ptérodactyles et autres dinosaures pourvus d’ailes ne
    sont pas déjà partis de l’île ?

  • Pourquoi la flèche tranquillisante paralyse un PUTAIN DE T-REX
    pendant 8h et Chris Pratt pendant seulement 15 min ?

  • Pourquoi on a l’impression que la lave est de l’eau tiède… ?

  • Pourquoi Lockwood (James Cromwell) n’a pas directement appelé la
    police ?

  • D’ailleurs, comment ça se fait que la police n’ait pas vu passer la
    trentaine de camion transportant des choses aussi discrètes que des
    PUTAIN DE T-REX ?

  • Pourquoi le dinosaure à l’odorat surdéveloppée se retrouve la truffe
    bouchée une fois qu’il faut sentir les héros à 1,5m ?

  • Pourquoi ce même dinosaure présenté comme une arme de guerre n’arrive
    pas à rattraper une fillette de 7 ans qui trottine ?

  • Comment ça se fait qu’un bouquetin préhistorique arrive à défoncer le
    mur de sa cage et pas le PUTAIN DE T-REX ?

  • Pourquoi tout le monde s’en fout de savoir que la fillette est un
    clone ?

  • Pourquoi personne ne fout une claque à la gamine lorsqu’elle laisse
    s’échapper des dizaines de prédateurs dangereux dans la nature ?

  • Pourquoi les héros sont toujours si naïfs après 3 Jurassic Park et 1
    Jurassic World ?


Restons sur les personnages, le duo principal ne fonctionne pas. Chris Pratt, trop habitué aux rôles second degré ne parvient pas à être crédible, et le sur-jeu continuel de Bryce Dallas Howard ne relève pas le niveau. Ils sont entourés de personnages secondaires on-ne-peut-plus osef, lorsqu’ils ne sont pas totalement agaçants. C’est stéréotypé, on a le méchant cupide, le geek peureux en comic relief, la femme militante… D’ailleurs, c’est beau de voir Claire aussi concernée par la survie de ces animaux, elle qui les exploitait allègrement dans JW1. D’où vient cette prise de conscience ?



These creatures were here before us. And if we're not careful... They're going to be here after.



Jurassic World 2 se paye quand même le caméo d’Ian Malcolm (Jeff Goldblum), personnage adoré de la saga. Même si c’est toujours la même thèse défendue par ce personnage depuis Jurassic Park, à savoir « La vie trouve toujours son chemin », je trouve que ces scènes sont très mal exploitées. C’est la même séquence mais tantôt elle se déroule au moment où les dinosaures sont sur l’île, tantôt lorsque les tout derniers événements du film sont passés… En réalité, les scénaristes n’ont même pas cherché à intégrer ces scènes dans une trame narrative vraisemblable, elles ne servent qu’au caméo et à teaser la présence de Jeff Goldblum dans la bande annonce… Ce n’est malheureusement pas un fait isolé, le réalisateur Juan Antonio Bayona a lui-aussi « placé des images » avant de réfléchir à la cohérence du film. Mais pour pouvoir en parler, nous allons devoir passer à la forme.



SUR LA FORME : 5 étoiles



Je connais assez peu J.A. Bayona. J’ai vu l’Orphelinat à sa sortie au cinéma et le DVD d’A monster calls est encore sous blister dans ma dvdthèque. Néanmoins, il me semble que c’est un réal distillant dans ses films une certaine atmosphère, des gimmicks, avec une ambiance qui lui ai propre. Bref, pas vraiment le yesman idéal pour mettre en images un film conventionnel et sans surprise comme Jurassic World 2. Cela se ressent que la cohabitation a été difficile, et il y a un exemple qui est très frappant.


J.A.Bayona avait probablement une image très précise en tête : celle d’une petite fille cachée sous sa couette, paralysée par la griffe d’un monstre se rapprochant tout doucement de sa tête. C’est une ambiance horrifique un peu rétro à la Alien qui renvoie évidemment à nos peurs enfantines. Problème : ce plan a été introduit dans Jurassic World 2 aux forceps. Du coup, rien ne colle. L’Indoraptor surpuissant peine à rattraper la fillette de manière à lui le temps de se cacher. Maisie (Isabella Sermon), au lieu de se planquer dans un placard ou sous le lit, va se poser tranquillement sous sa couette. Et le dinosaure, après avoir délicatement ouvert la porte-fenêtre, s’approche tout doucement de la petite fille apeurée afin de permettre le retour héroïque de Chris Pratt, au lieu de se jeter logiquement sur elle pour assouvir son appétit. L’image souhaitée est là, les 2-3 secondes fonctionnement mais la scène dans son ensemble m’a fait sortir du film.


Mais bon, on ne va pas vraiment faire les difficiles parce que des belles images, il ne va pas y en avoir des tonnes… En réalité, passée la première partie sur l’île proposant de jolis plans en forêt et permettant de revoir les décors de JW1 délabrés, le reste est plutôt naze. Un sombre huis-clôt dans un manoir baroque sorti de nulle part. Heureusement que certaines scènes font appel à de très beaux animatroniques. Plus globalement, les effets spéciaux sont plutôt remarquables (à l’exception de l’explosion du labo) mais c’est assez naturel avec un budget de 175 millions de dollars.



The man who proved Raptors can follow orders. You never thought how many millions a trained predator might be worth?



Jurassic World 2 réitère donc le sentiment de déception qu’avait suscité le premier opus. Cela ne l’avait pas empêché de se placer à la cinquième place des plus grands succès du cinéma après Avatar, Titanic, Star Wars Episode VII, et Avengers : Infinity War. Il n’est pas certain que la fibre nostalgique fonctionne autant pour Fallen Kingdom. Il restera pour moi un script mal écrit et mis en scène par un réalisateur montrant peu d’intérêt pour la saga, un film plat que même les grands classiques de John Williams ne parviendront à bonifier.


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON



NOTE TOTALE : 4 étoiles


Spockyface
4
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le 1 juil. 2018

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