Qui avait demandé ce film après le naufrage de Jurassic World : Le Monde d'après ? Personne, sinon Universal et Spielberg qui pensaient réitérer le succès. Appeler Gareth Edwards (Monsters, Godzilla, Rogue One: A Star Wars Story et The Creator) à la réalisation avait de quoi susciter la curiosité. Ce réalisateur sait habillement construire sa mise en scène autour du gigantisme. En revanche au niveau du sujet du film on pouvait s'attendre à une sorte de Jurassic Park 3 bis (un film de monstre mangeurs d'homme dans la jungle). L'inclusion d'hybrides monstrueux à l'intrigue était un sujet qui aurait apporté du neuf. Je n'en attendait pas grand chose mais j'avais envie de voir ce que cela pouvait donner. Qu'en est-il ?
Franchement j'ai été déçu. Comme dans Le Monde d'après, on assiste à un recyclage de précédents films, mais ici tout le film est construit autour de cela. Et vas-y que je te fasse une scène avec un traqueur comme dans Les Dents de la Mer, des raptors attaquant des camions (Le Monde Perdu: Jurassic Park) ou un store (comme la cuisine dans Jurassic Park), un "méchant" qui se becter par le gros monstre (déjà vu dans tous les films de la franchise) et un personnage qui survie à une confrontation avec cette même créature (Jurassic Park 3). David Koepp (auteur des scénarios pour Spielberg, De Palma ou encore Ron Howard) s'est vraiment pas pris la tête pour écrire ce film. Et puis l'idée "chercher des médocs sur des monstres génétiques", ça n'a rien de révolutionnaire (Peur Bleue + les nanards avec d'autres monstres). Le début du film est aussi confus (en terme de chronologie dans l'univers avec ses panneaux), surtout qu'il prend complètement le contre pied le non-final Bisounours de Jurassic World 3 ("vivons en harmonie avec ces monstres de parc d'attraction !") car les dinosaures n'ont plus la cote, meurent à petit feu et vivent au niveau de l’Équateur où le climat leur est plus clément. Le film semble faire des propositions mais n'en fait rien (le serpent dans les marécages, l'épave d’hélicoptère suspendu, Dolores le dinosaure doudou qui sert à rien sauf à vendre des peluches). Pour finir le fameux D-Rex (mix dans le design d'un T-Rex, Rancor et Xénomorphe) sur-exploité dans la promotion du long-métrage est réduit à une péripétie au dernier acte (Souvenez-vous du Spinosaure de Jurassic Park 3 qui avait quand même causé des problèmes aux héros tous le long du film). Il ne va même pas se taper avec le tyrannosaure comme c'est traditionnellement le cas.
S'il n'y avait que ça. Les personnages stéréotypés sont des coquilles vides exposant leur situations pendant une grande partie de l'histoire. Leurs discussions sont ennuyeuses. Il faut dire que les performances des acteurs sont oubliables. Mention spéciale à la famille paumée sur leur bateau puis dans la jungle et du beau fils Javier que j'aurais adorer voir être dévoré. Les blagues des personnages presque en mode Marvel ne sont pas drôles (pipi caca). Pour un film avec des dinosaures mangeurs d'homme il y a très peu de victimes (4 : le scientifique au snickers, la dame qui conduit le bateau, le noir et le vilain). Entourés de machines à tuer les personnages en réchappent systématiquement. Pour un sujet aussi sombre, le ton du long-métrage reste trop familial (rappelez vous les scènes parfois graphiques des 6 films précédents qui n'hésitaient pas à montrer des giclées de sang).
La musique de Alexandre Desplat est aux fraises. Il reprend les thèmes de John Williams en espérant recréer un semblant de magie qui n'arrivera jamais.
Certes Gareth Edwards propose quelques séquences en jouant sur l'échelle humaine et le gigantisme (jeux d'ombres, lumières) avec les plus grosses espèces de reptiles mutant, mais elle sont artificielles. Je dis cela car les effets spéciaux dégoulinent de l'image (au moins dans le précédent ils avaient utilisés un peu d'animatroniques). Je ressens très peu les décors en durs.
Cela reste un blockbuster qui se regarde. Mais honnêtement pour un Jurassic Park/World c'est pas dingue. Cela me fait de mal de le dire mais j'ai passé un meilleur moment devant Jurassic World 3 que devant cette suite ennuyeuse de bout en bout. Maintenant peut-être qu'il faudrait songer à arrêter les frais après ces deux films qui montrent des signes d'impasse créative. J'ai des doutes concernant le succès de cet épisode beaucoup trop long pour le peu de chose qu'il a à raconter.