Justin Bieber : Believe, réalisé par Jon M. Chu, ambitionne de montrer l’envers du décor du phénomène planétaire qu’est Justin Bieber. Mais au-delà des projecteurs et des cris de fans, le film semble parfois plus soucieux de préserver l’image de la star que de véritablement raconter une histoire. C’est une œuvre qui entretient la foi, sans vraiment la questionner.
L’intention de départ est claire : donner à voir un jeune artiste au sommet, mais aussi un adolescent aux prises avec la célébrité. Pourtant, cette volonté de transparence est trop souvent noyée dans une narration maîtrisée, presque verrouillée. Le documentaire nous propose des séquences de concerts flamboyants, des témoignages flatteurs de proches, et quelques apartés plus personnels — mais rarement troublants ou profonds.
C’est peut-être dans sa mise en scène que le film révèle le mieux ses limites. Jon M. Chu, déjà réalisateur de Never Say Never, connaît les codes du spectacle : caméra mobile, rythme soutenu, montage énergique… visuellement, Believe en met plein les yeux. Les performances sur scène sont filmées avec une efficacité presque chorégraphique, jouant sur les ralentis, les travellings majestueux et les lumières éclatantes. On sent l’expérience du réalisateur dans le domaine du divertissement visuel.
Mais c’est justement cette efficacité technique qui finit par nuire à la sincérité du propos. Chaque image semble soigneusement calibrée, chaque émotion lissée. Les coulisses ressemblent souvent à un prolongement de la scène, sans rupture ni décalage. Même les instants dits “intimes” sont captés avec un esthétisme trop poli pour être pleinement convaincants. La caméra caresse plus qu’elle ne scrute.
Il manque à cette mise en scène un certain grain, une imperfection, un regard plus brut. On aurait souhaité que Chu ose davantage casser le rythme, ralentir, poser sa caméra là où ça fait mal. Au lieu de cela, il choisit de célébrer, là où il aurait pu interroger. Le film devient alors une belle vitrine, certes brillante, mais souvent creuse.
Cela dit, Believe n’est pas dénué d’émotion. Lorsqu’il évoque son rapport à ses fans ou son besoin de se recentrer, Justin Bieber laisse entrevoir une vulnérabilité réelle. Ces moments, bien que furtifs, donnent au film un souffle plus humain. Mais ils sont trop rares, noyés dans un flux d’images flatteuses, qui servent davantage à rassurer qu’à révéler.
En fin de compte, Believe ressemble à une œuvre qui parle beaucoup de foi, mais qui en exige peu du spectateur. Il ne dérange pas, ne bouscule pas, et ne laisse que peu de place à l’ambiguïté ou à la critique. C’est une ode à la persévérance, oui, mais aussi une démonstration de contrôle narratif qui bride l’émotion brute.