Le passage de la série au grand écran est toujours un exercice périlleux. La série privilégie une narration diluée, faite d’intrigues secondaires foisonnantes, là où le cinéma exige clarté et resserrement.
Si l’on s’en tient à ces principes, disons-le franchement : Kaamelott – Volume 2, Partie 1 n’est pas un film. C’est un assemblage indigeste de petites saynètes, un best-of de 2h19, mais sans la verve ni la drôlerie de la série originale.
Et c’est bien là tout le problème. Le premier volet, bancal mais attachant, conservait encore une certaine chaleur. Ici, tout s’est évaporé : le comique s’est éteint. Alexandre Astier semble croire qu’il suffit de faire éructer ses personnages autour d’une table pour susciter le rire. Quant à l’épique, il est purement absent : la narration se contente d’accumuler les arcs sans jamais les développer (six ou sept, à vue de nez).
On y croise, pêle-mêle :
– un groupe d’aventuriers à la poursuite d’un dragon qu’ils ne trouveront jamais ;
– trois magiciens et un guide explorant les ruines de Kaamelott pour endiguer un mal qui s’y réveille ;
– Lancelot, antagoniste éploré, sanglotant dans la cape de Méléagant ;
– Karadoc, la Dame du Lac, Fénec et le Tavernier partis en Méditerranée chercher le Graal ;
– Arthur, dépressif, replantant (pour la 1500e fois) Excalibur dans son rocher, mine renfrognée ;
– et trois mercenaires perdus en Orcanie sur les traces du roi Lott.
Tous ces arcs sont soit expédiés, soit laissés en suspens. Or, au cinéma, une histoire doit trouver une résolution — quelle qu’elle soit. On ne peut pas se contenter de dire : « Ne vous inquiétez pas, tout cela sera résolu dans le prochain film. » Non ! Dans ce cas, on n’assiste pas à un film, mais à une bande-annonce de 2h19.
Le Seigneur des Anneaux, par exemple, laissait ses intrigues ouvertes tout en apportant une résolution partielle à la fin de chaque volet. Ici, rien de tel : seulement des fragments, des promesses, des pistes égarées.
Ce qui agace encore davantage, c’est l’indulgence de certains spectateurs, sous prétexte que le film appartient à l’univers de Kaamelott. Qu’on se le dise : même si ce film fait office de doudou nostalgique, même s’il vous a permis de retrouver vos personnages préférés, il n’en demeure pas moins qu’il sent la viande faisandée.