Franchement, je ne comprends absolument pas les critiques parlant de “téléfilm M6”. C’est un argument de rajeux, déconnecté de ce que Kaamelott 2 propose visuellement et narrativement. Parce que oui, visuellement, c’est du très haut niveau. Les décors réels – notamment ceux tournés en Islande, majestueux, minéraux, d’une beauté brute – donnent une ampleur rare à une œuvre française de ce genre. La photographie est superbe, la lumière maîtrisée, les costumes et accessoires d’un soin exemplaire. On sent une direction artistique chiadée, une vraie vision de cinéma. On voit clairement le budget à l'écran.
Astier continue d’imposer son ton unique : un mélange d’humour anachronique, de tragédie médiévale et de philosophie populaire, servi par des dialogues dont lui seul a le secret. Le verbe fuse, les silences comptent, et chaque réplique semble pensée pour résonner, entre rires et mélancolie. On retrouve avec plaisir la troupe, toujours aussi juste, oscillant entre comédie et gravité, avec une aisance rare.
Certes, le film n’échappe pas à certains écueils : beaucoup de sous-intrigues qui se croisent, se frôlent et parfois s’éparpillent un peu, et une coupure abrupte, frustrante, marquant la fin de ce premier segment d’un diptyque annoncé. Mais franchement, difficile d’en vouloir à Astier de vouloir bâtir une fresque à son rythme, avec ses codes et sa densité. Ce choix crée une vraie attente, presque une suspension, qui donne envie d’y replonger dès la suite sortie.
Et techniquement, même les effets visuels -souvent point faible du cinéma français- tiennent très bien la route. Rien de grotesque, rien de cheap. Le tout est cohérent, solide, inspiré.
Kaamelott 2 n’est pas seulement la suite attendue d’un univers culte : c’est la preuve qu’Astier maîtrise son art et ose une fantasy à la française ambitieuse, lyrique, et furieusement personnelle. Un film qui vit, qui respire, qui déborde d’amour pour son propre monde.
À découvrir!