Comme avait dit un grand philosophe " je m'attendais à rien et je suis quand même déçu ". Difficile, il est vrai, de partir serein pour ce Deuxième Volet lorsque le premier semblait monté avec du scotch et trois rubans, malgré quelques bonnes surprises.


Attention, il y a du divulgâchage mais pas énormément cela dit.


Le premier soucis est incontestablement le rythme, celui du montage mais aussi de la narration. Comme parfois dans le Livre V et VI (mais aussi le Premier Volet), certaines ellipses semblent trop faciles ainsi que trop rapides ; un bon exemple est le retour d'Arthur à Kaamelott après le théâtre ou bien les trajets de Merlin de Britannia à Rome. Cependant, le format épisodique permettait à l'ellipse d'être convenablement digérée ou le cas contraire, d'être pardonnée ; nul doute qu'Astier n'aurait pas craché sur un ou deux épisodes de plus accordés par M6. Cependant, ces erreurs datent de plus d'une décennie, il est alors déçevant de les retrouver dans ce qui devrait être l'aboutissement de Kaamelott, du génie filmique d'Astier, de ses compétences industrieuses puis de son talent de conteur. Force est de constater qu'on y est pas. Pour la faire courte, l'histoire de ce second opus intègre plusieurs intrigues, avec des têtes connues et des têtes pas connues (autre problème) en plus des carabistouilles machiavéliques de Lancelot. Nous avons donc, dans le même film, quatre/cinq histoires qui se chevauchent qui s'en vont et reviennent jusqu'à la coupure net annonçant le générique. C'est trop. Et en soi, c'est plutôt une intrigue de série, avec chaque épisode unique, singulier, racontant l'une des aventures (à la limite recoupée avec l'intrigue principale) qui, ensuite, fusionnent toutes avec celle d'Arthur. Et curieusement, c'est ce que faisait les deux dernières saisons de Kaamelott, à peu de choses près. Astier est doué pour le rythme sériel, épisodique mais pas pour l'unicité plus formel d'un long-métrage. Le montage désarçonne ainsi plusieurs fois, nous brinquebalant d'une intrigue à une autre (aucune d'ailleurs, sauf peut-être à la limite celle de Karadoc, ne se montre intéressante qui plus est) sans vraiment proposer une issue satisfaisante. Mais slalomer entre cinq histoires dans la même (déjà pas passionnante), c'est plutôt fatiguant. Autre soucis de rythme, comme évoque plus haut, c'est la narration elle-même. Il est très difficile de savoir quand se déroule telle ou telle quête, sur combien de temps s'étale-t-elle, quelles sont les distances parcourues... parfois il peut y avoir deux mois d'écoulés entre une scène et la suivante comme il peut y avoir cinq minutes. Mais en deux mois, il s'en passe des choses ! Pourquoi les magiciens sont toujours dans le même tunnel alors qu'Arthur a le temps de faire Britannia-Espagne top chrono ? Surtout que, dans la série, lorsqu'Arthur part à la recherche de ses gosses ou pour replanter l'épée, on le voit se préparer, traverser la neige, croiser Venec, le roi Loth, et d'autres choses se passent entre temps, ce qui indique que le rocher n'est pas non plus à côté, que Arthur se casse le cul, que c'est pas pareil que d'aller chercher le pain... et là, les questions sont réglées d'une scène à une autre. Même constat que le Premier Volet, nous avons une histoire rushée qui devrait être elle-même la trilogie voulue par Astier (et c'est ce qui fait qu'on se demande pourquoi le Deuxième Volet existe d'un point de vue narratif ; diégétiquement ce n'est pas résolue). Ces anachronies narratives ne cessent de se succéder et la conduite du récit en souffre alors douloureusement, ce qui perturbe évidemment certains évènements ; on ne sait pas, pour exemple, si la quête de Lancelot se déroule en trois quart d'heures ou en trois semaines voire en trois mois, ce qui change totalement l'épuisement moral du personnage, sa détermination à se reprendre, ses motivations mais aussi ses périls..., l'empathie a donc du mal à fonctionner. " On nie la notion de temps ", aurait tempêté Jean-Pierre Coffe s'il était encore en vie pour assister à ce drame.


Second problème qui choque : les nouvelles têtes. D'abord, les enfants d'Astier, reconnaissables au fait qu'ils jouent très mal. Certes, le papounet ne semble pas les avoir forcé et certes, ils ont sûrement pris l'option théâtre au collège mais ça ne suffit pas pour jouer dans un film au budget soi-disant européen, surtout à côté d'acteur jouant très bien (Lionnel Astier en tête, Joelle Sévilla, Clovis Cornillac etc). Misogynie mis à part comme chantonnait l'autre, les deux filles d'Astier présentes à l'écran (Jeanne et Arianne) dégoûtent vraiment le spectateur d'être incapable de gifler quelqu'un à travers un écran ; les voilà tartables au premier degré. Déjà pour leur personnage, mal écrit, mal introduit mais aussi, il faut l'avouer, mal interprété. Les deux garçons qui les accompagnent sont également insupportables mais un petit peu moins car ils renvoient de lointaines ondes kaamelottienne façon Gauvain et Yvain mais c'est à peu près tout. Cette intrigue là est d'ailleurs inutile au possible, le coup du dragon opalescent rappelle celui du chaudron rutilant et autres vannes de la série déjà pompées et repompées. Bref, on a l'impression que ces deux comédiennes ne sont là que pour placer des proches et emmerder le spectateur. Les deux fils d'Astier, quant à eux, James et Ethan, cabotinent à mort même s'il faut avouer qu'Ethan est plutôt convaincant comparé aux autres. James, cependant, est très jeune, on peut le pardonner d'accord mais des enfants qui jouent bien au cinéma, c'est pas non plus introuvable. Ce qui est d'autant plus dommageable que le personnage d'Ethan, le fameux Trevor, même si on ne comprend pas d'où il vient (comme 80% du casting) a un potentiel comique assez rafraichissant. On comprend d'ailleurs pas non plus ce que fait la femme d'Astier là, sauf pour caler la dame et faire coucou. Astier a toujours fait appel à des gens de sa famille, ce n'est pas un soucis... quand ils sont comédiens... et si possible des comédiens doués. Encore une fois, Lionnel Astier est toujours percutant et Joelle Sévilla remplit toujours le taff. Sinon, quant aux autres nouvelles têtes..., ils souffrent des mêmes problématiques que les enfants d'Astier même si l'on sait pertinemment qu'ils ont été choisis selon leur talent (enfin..., aux yeux astiériens), ainsi au risque de répéter : mal introduit, souvent mal interprété (Redouane Bougheraba et Thomas VDB...) et mal écrit. Certains font un peu mouche comme Cornillac ou Haroun (trop discret pour qu'on se sente lésé de sa présence, dommage par ailleurs parce que son jeu est pas méchant). Concernant les acteurs déjà présents dans la série..., on comprend pas ce qu'Aziliz et Tumet font là, ni ce que Gauvain apporte vraiment ou même Jacques Chambon, qui pourtant brillait en tant que Merlin. Pareil, je veux bien faire revenir Chabat pour le style (encore que...) mais... son personnage ne sert à rien ? Même système pour Letexier ? Toutes les intrigues sont donc surchargées en personnages, nouveaux et ainsi, et contribuent ainsi au rythme saccadé évoqué plus haut. L'absence d'Yvain ou de Perceval n'est pas gênante en soi ; on peut cependant saluer Frank Pitiot qui aura refusé de revenir si c'était juste pour gueuler.


Pour ce qui est de l'intrigue en règle générale, il est dommage qu'elle sente pour autant le réchauffé : Arthur envie pas envie, Méléagant revient pas revient, Léodagan d'accord pas d'accord, héritier peut-être peut-être pas... et que rien n'avance vraiment (mais attendons la deuxième partie..., même si c'est sans hâte). Quelques incohérences viennent aussi soupoudrer le malaise comme le cas Lancelot : le bougre est un ancien dictateur en fuite, tout le monde sait où il se cache (vu que le chevalier au seiche le trouve) mais personne fait rien ? Donc, un personnage à moitié clodo, sans aucune aide, que tout le monde déteste et veut voir mort..., y'a pas un paysan pour aller le dérouiller ? D'ailleurs, comment tout le monde sait qu'il est retourné à Benoïc ? D'accord. Un peu facile tout ça.


Il est dommage également que pour une post-production bien mieux soignée que le Premier Volet que certaines scènes qui auraient pu être UN PEU spectaculaire vire au hors-champ comme cette bagarre entre Karadoc et le vieux supposé. Voilà qui fait très pauvre dans un film qui tente sans cesse de nous en mettre plein la vue. Même chose pour les bagarres en Orcanie ou pour... l'affrontement... entre la sorcière/trappeuse. Le titre également, bien qu'il ne change en rien la qualité intrinsèque du long-métrage, l'appeler simplement " Second Volet - partie 1 " est très impersonnel, très formel (comme le Premier Volet, il est vrai) et voilà qui aide finalement l'expérience à nous renvoyer un constat... bien peu sapide, il faut dire les choses.


En revanche, pour les bons côtés, car il en a quelques uns, on retrouve des décors impeccables, des costumes qui ne plairont pas à tout le monde mais dont le mérite reste dans leur excentricité et une musique trop discrète peut-être mais satisfaisante pour sa présence. Les dialogues sont toujours bien écrits, beaucoup moins tournés vers l'humour mais l'on peut tout de même accorder au crédit d'Astier que contrairement au Premier Volet, certaines vannes sont beaucoup plus fluides, moins appuyées, plus digestes et passent ainsi beaucoup mieux. Le coup du tavernier évoquant les sénateurs goinfres est bien trouvé tout comme la lettre percevalienne qui dit " sous deux semaines ou au mieux quinze jours " (même s'il ne sait pas compter les jours dans le lore...) ; c'est pas à se taper les côtes ni à passer au rassemblement du corbeau mais ça peut faire sourire. Comme déjà, les anciens sont plutôt convaincants et ont parfois des réflexes qui accompagnent le spectateur... oui Arthur est chiant mais Léodagan rouspète qu'il est chiant donc... ça fait passer la pilule plus facilement.


En définitive, pas grand-chose à retenir de cette première partie. Certes, peut-être faut-il attendre la seconde partie mais... c'est tout de même un peu facile comme excuse... puisqu'elle n'excuse pas le rythme, le jeu d'acteur pitoyable, la multiplication inutile des intrigues et des personnages etc. Pour l'instant, tout seul, ce film est juste décevant. Dommage. Comme dirait l'autre : mais que c'est nul mais que c'est nul !


Djokaire
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le 22 oct. 2025

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Djokaire

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