Elle est où la poulette (perdue comme Astier)

Qu’il est difficile de juger ce Kaamelott 2, tant il est conçu comme la première moitié d’un long film et non le premier opus d’un diptyque. Mais tout de même, pour l’immense fan que je suis de l’œuvre d’Astier, le constat est pour le moment amer.

Mais mettons d’abord les choses au clair : ceux qui s’attendent à retrouver l’humour et l’esprit des premières saisons, vous allez être déçus, maintenant Astier lorgne clairement du côté de l’heroic fantasy et plus de la comédie. Pas un problème en soit me concernant, tant ce qui m’intéresse est le devenir de toute la bande de la table ronde. Et le problème est là, rien ou si peu de choses avancent. Arthur, Guenière et leur entourage mettent de nouveau la question de l’héritier (mais pas à toutes les sauces sur le tapis) en avant, Excalibur est à nouveau replantée, Arthur toujours pas motivé, Lancelot toujours retiré du monde et seul. Bref 16 après la fin de la série (et 10 ans après le départ d’Arthur dans la timeline) on est revenu à la saison 5 et ça fait un peu mal.

Astier lance tellement d’embranchements et de nouvelles histoires qu’il perd le fil du scénario principal, qui se trouve dilué dans un tas d’autres quêtes, dont disons le franchement la plupart sont à ce stade en tout cas, totalement sans intérêt (n’est-ce pas les enfants Astier).

Et qui dit nouvelles quêtes, dit nouveaux personnages et là aussi le constat est le même, on n’en a pas grand-chose à carrer des nouvelles têtes. Tout simplement parce que la profusion de personnages fait qu’aucun n’est réellement développé, du coup on ne s’attache à aucun d’entre eux. Bien sûr l’affection reste sur les anciens, mais eux aussi se trouvent dilués dans ce trop plein et ça en devient frustrant (voir le duo Léodagan-Séli réduit à si peu me fait mal). D’autant plus que le retour de Méléagant (que j’attendais avec beaucoup d’impatience) est complètement foiré (depuis quand le Dieu des morts, craint des autres Dieux devient un vieillard apeuré).

Autre personnage décevant : le grand absent Perceval et c’est un comble. L’idée de raconter Perceval via ses lettres aurait pu être sympa, c’est juste navrant tant ces passages ne sont pas drôle. A ce compte là mieux valait juste évoquer une fois le pourquoi de son absence et basta.

Astier se perd aussi dans ses dialogues, ce Kaamelott est trop bavard et parfois presque égocentrique (je pense à un certain monologue où l’acteur s’écoute parler et qui n’apporte quasi rien au final), et manque d’action et d’épique pour prétendre être de l’heroic fantasy de bonne facture.

Heureusement c’est globalement bien filmé, assez dépaysant, et certains dialogues font encore mouches, à l’image de ce qu’avait pu être la série, mais c’est trop peu.

Au final Astier se perd dans une multitude d’embranchements assez inutiles (voir superflu), on voit bien qu’il a une idée en tête, mais pour le moment il n’arrive pas à nous faire voir où il veut en venir et a bien du mal à nous embarquer avec lui dans ces nouvelles aventures. Le scénario patine (il faut attendre la dernière demie heure pour voir de réelles avancées, c’est long!) et Astier semble hésiter entre son ancien Kaamelott et un nouveau plus sombre, plus axé sur l’aventure, sans parvenir à nous convaincre d’un côté comme de l’autre.

Je laisse tout de même à Astier le bénéfice du doute, car il faudra attendre la seconde partie de ce film pour réellement juger cette première partie, mais clairement ce premier volet met la pression sur le second, car si ce prochain ne parvient pas à donner du sens à tout ce que l’on a vu et à faire suffisamment avancer les choses, voire en conclure certaines, alors vraiment à ce moment là on pourra dire qu’on en a gros.