Il était une fois un jeune garçon à peine plus mûr de douze printemps, qui pour raccourcir ses nuits adolescentes regardait les volets Kaamelott. A cette époque, la vidéo à la demande n’existait pas et M6 n’avait pas de plateforme de streaming. Il fallait donc attendre. Attendre que la chaîne un beau jour se décide à re-diffuser la série (qu’elle n’a jamais manqué de repasser du fait du succès).


C’était bien quand même tu ne trouves pas ? Elle est culte cette série, avoue-le. Perceval et Karadoc ! Léodagan ! François Rollin ! J’en passe et des meilleurs. Certains même connaissent des répliques par cœur et je parie que toi aussi. Elle devrait être consignée « patrimoine audiovisuel de France ». D’ailleurs on ne devrait plus dire le vulgaire « série » mais « Œuvre » à ce niveau peut-être même « Mythe ».


Le temps a passé depuis, un besoin s’est fait ressentir.


Alors forcément, à l’annonce d’une trilogie, que pourrait-on exiger de plus, nous pauvres spectateurs affamés de ce manque, que dis-je de ce vide dans notre existence. Car oui, nous avons bel et bien besoin d’Alexandre Astier, l’unique, l’intouchable, le tout puissant pour éclairer nos ternes vies…
Trêve d’ironie, passons au film.


Nostalgie n’est pas gage de qualité.


En effet, nous serons abreuvés de souvenirs durant la première moitié du film mais entendons-nous bien, quel est l’intérêt ? Je veux dire que ces personnages je les connais, je connais leurs mimiques, leurs répliques cultes (hélas, mon cerveau est perverti) mais qu’est ce que moi spectateur cela m’apporte de revoir ce que j’ai déjà vu ? En vérité, rien. Cela m’a procuré le même effet que Star Wars VII, une impression de déjà vu mais au moins Disney a eu l’amabilité de nous imposer un nouveau casting. Chez Astier, rien ne change. Il est prisonnier de sa création, de fait il n’ose changer ses personnages sinon les faire disparaître. Trop risqué !


Overdose de personnages.


En conséquence, si l’on devait définir le fan service, il suffirait de mentionner KV1. Il y a dans ce film une telle générosité à nous coincer dans le passé, à vouloir nous dire « Regarde ! Souviens-toi, C’était bien ! Tu l’as vu la référence au livre II là ! ». Tant d’acteurs à foison. Sans rire, que viennent faire Clavier, Cornillac, Galienne, De Caunes, Nakache et Chabat ? Quid de ces caméos ? Ils n’étaient que secondaires dans la série, pourquoi les ramener à la vie ? Pour quelle raison tangible ? J’aimerai qu’une personne dîtes saine d’esprit ayant aimée le film (oxymore) m’explique. En toute honnêteté, ils ne servent à rien. Ils ne sont présents que pour susciter en nous une vaine nostalgie.


N.D.L.R. : D’ailleurs, j’oserai dire qu’en terme de fan service, ce n’est pas assez. C’est soit tout, soit rien monsieur Astier. Soit tous les acteurs secondaires des livres précédents reviennent soit aucun. On ne fait pas les choses à moitié avec un tel édifice qu’est Kaamelott. Un peu de sérieux, s’il vous plaît.


Il faut dire qu’avec tous ces caméos il ne restait plus beaucoup de budget pour l’image. Du moins, cela peut être une raison valable pour expliquer le résultat final. Dieu que c’est laid, comme la sensation de regarder le court-métrage d’un youtubeur star. C’est lisse, mal cadré, mal monté, mal étalonné, mal éclairé, c’est mauvais. J’ai tout de suite fait le rapprochement avec la web-série comique Noob que je regardais adolescent. Franchement, je ne vois pas grande différence si ce n’est le budget qui doit différer de plusieurs centaines de milliers d’euros.


« Qu’est-ce que l’on se marre ! » « Marre aux canards ! »


Je dois apporter une correction à ce que j’ai écrit précédemment. En vérité, il y a aussi le comique qui diffère. Je dois avouer ne pas avoir rigolé de tout le film ni même esquissé un sourire. Malgré toute la palette de personnages ressuscités et leur humour, rien n’y fait. Cette comédie n’est pas drôle. La raison est simple, on a déjà entendu ça. Certes, les mots et les situations divergent mais Kaamelott qu’est ce donc si ce n’est un type entouré de débiles profonds ? Rien d’autre. C’était cela la force de la série à ses débuts, la quête du Graal démystifiée à la manière des Monty Python. Alors retrouver nos compères des années après et s’apercevoir qu’ils sont les mêmes, comment pouvons-nous être encore surpris d’un aphorisme latin de Rollin ou d’une réplique de Perceval.


Au commencement, le format s’y prêtait admirablement, des épisodes de trois minutes avec pour concept simple mais efficace : une idée = une situation comique = des blagues = un épisode = trois minutes. Mais trois minutes ne sont pas 120 minutes (merci monsieur le professeur). Cette alchimie du peu, du concentré, du resserré ne prend pas sur la longue durée. Articuler des situations comiques autour d’un scénario est le propre de la comédie or ici Astier semble faire l’opposé, il articule un scénario autour de situations comiques (de ces personnages car ce sont eux le vecteur rire).


Retour à la case départ.


Ses choix ont pour conséquence de nous ramener au livre I. En prenant la décision de sanctifier ses créations, Astier fait du surplace. Il n’a plus le goût du risque et préfère se rapporter à ce qui avait fonctionné dès le début : la quête du Graal. Voilà comment se conclut le film. Une jolie bande annonce sans saveurs de deux heures.


Entendons-nous bien, ce n’est pas cette répétition de l’histoire qui est un problème, le vrai problème vient de la réalisation absente, de l’humour aux fraises et du fan service débordant. Concrètement ce retour en arrière n’est qu’un symptôme de cette maladie qu’est le « culte » mais ne saurait constituer la stérilité du film.


Lâcher prise !


« Moyen de libération psychologique consistant à se détacher du désir de maîtrise » Larousse.


Pour beaucoup Kaamelott constitue un monument sacré de la comédie française tout comme les OSS 117 pour d’autres. Mais il faut savoir être objectif et admettre que ce que l’on a pu aimer adolescent (un jour si vous préférez) n’est plus à notre goût aujourd’hui. Récemment pour faire le parallèle, j’ai revu quelques sketchs du Palmashow que je regardais au collège, force était de constater que je n’ai ni rigolé ni même sourit. Tout cela pour dire qu’il ne faut pas succomber à la nostalgie, qu’il faut affronter notre passé et lui dire « c’était bien mais c’est fini maintenant » pour ainsi arrêter toutes formes de cultes déraisonnables envers certaines œuvres.


Ne restez pas figé comme les personnages d’Astier.


Les œuvres n’évoluent pas mais vous évoluez. Acceptez-le.

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le 23 nov. 2021

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