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le 22 avr. 2020
Vengeance au rituel biblique
L'Abominable Dr Phibes fait partie de ces pépites magiques qui s'imposent tout naturellement comme un must de leur catégorie, il a été fort bien accueilli à sa sortie par les amateurs d'épouvante car...
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Et si les années 70 étaient les premières années « digestives » du cinéma ? Après une décennie d’éclatement de l’hégémonie hollywoodienne en une multitude de berceaux de la modernité (en France, en Italie, au Japon, etc.), la décennie 1970 a fait dériver différents courants en les redigérant, s’est ouvert à la citation non plus tellement comme un marqueur moderne (comme chez Godard) que comme un réinvestissement du divertissement. Post-modernisme, post-classicisme, néo-classicisme, autant de termes qu’on attribue souvent aux courants cinématographiques post-70, et qui rejoignent à vrai dire une idée commune: celle de la construction d’une forme à partir de la digestion de formes préexistantes.
A ce titre, l’Abominable Docteur Phibes représente très bien sa décennie de réalisation. Production anglaise qui se veut un prolongement du cinéma fantastique de la Hammer, lui même résurgence des Universal Monsters des années 30, le film choisit ces mêmes années pour ancrer son histoire de meurtrier romantique. Structuré sur le schéma opérationnel de son abominable assassin (inspiré des dix plaies d’Egypte de l’Ancien Testament), la narration du film se fait ouvertement programmatique. L’intérêt est alors déplacé sur l’inventivité macabre de la mise en pratique de son programme esthétique. De son socle classique, L’Abominable Docteur Phibes dérive vers l’exercice de style truculent, absorbant de force ses influences classiques dans un kitsch assumé et parodique, jouant le mauvais goût comme une symphonie grotesque et minutieuse. Les séquences d’enquête (portées par l’excellent Peter Jeffrey) sur le ton de la farce policière s’entrecroisent ainsi avec les délires grandiloquents de Phibes dans son antre musicale, sorte de temple kitsch structuré par la folie théâtrale de son personnage qui culmine dans la précision diabolique des séquences de crime, qui dans le grotesque et la poésie gardent la même élégance de mise en scène.
La figure même de son monstre (Phibes) contient toute la nature digestive du film: faisant du visage de Vincent Price, acteur majeur des productions de Roger Corman, un masque flasque et mutique (le personnage défiguré porte un faux visage) , le film accumule les diverses incarnations du comédien pour en faire une sorte de méta-monstre qui convoque toute la lignée des grands visages du cinéma fantastique (Lon Chaney, Boris Karloff, Christopher Lee, Bela Lugosi, Barbara Steele) chacun ayant condensé dans leurs traits, souvent déformés par le maquillage, les multiples incarnations de la peur cinématographique. La performance de Vincent Price, comprimée dans sa propre figure, gesticulant avec peine sous un faux masque d’immobilité, offre à cette dynastie mésestimée de gueules contraintes et torturées, sa juste et amère célébration.
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Créée
le 13 févr. 2018
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7
le 22 avr. 2020
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