Dupieux n'a pas besoin de grand chose pour écrire quelque chose d'absolument horrible. Il est vrai que le jeu de massacre est pressenti dès le début, puisqu'on voit bien que le personnage principal est une sociopathe. Mais surtout, il se pourrait que Quentin Dupieux ait réussi à capter quelque chose de l'époque actuelle, que finalement cet Accident de piano ne soit pas si absurde.
C'est un peu le pendant de Yannick, Adèle Exarchopoulos est comme lui en perte de repères sauf qu'elle a trouvé sa niche, et une niche confortable qui plus est, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle gagne bien sa vie. Pour autant, elle s'avère tout autant une victime que Yannick, quoique bien moins sympathique. Et là où Yannick déclenchait une empathie qui était perceptible dans la salle que pourtant il prenait en otage, Magalie restera seule jusqu'au bout, et sa prise de conscience finale n'aura aucune valeur rédemptrice. Au contraire, avec le personnage de Leklou, on franchira encore un cap dans l'horreur, sans le moindre effet pourtant.
L'accident de piano sera jusqu'au bout un film d'une noirceur totale, un film qui prend aux tripes, mais n'est-ce pas ce qui fait sa réussite?