Quand on a 17 ans m'avait beaucoup marqué en 2016, à tel point qu'il figurait même dans mon top de l'année. J'étais donc curieux de découvrir un nouveau Téchiné, d'autant plus avec Catherine Deneuve.
Avec un sujet comme celui-ci il faut savoir jouer sur la subtilité, ce que visiblement le film parvient à faire malgré quelques maladresses. Cependant la grande force du scénario réside dans sa capacité à ne pas porter de jugement sur les situations et les personnages. Notamment la relation entre Murielle et Alex, surtout lorsqu'elle découvre le pot aux roses. Le film demeure très pudique dans sa manière de raconter cette histoire, ce qui n'empêche pas pour autant de mettre en lumière les sentiments des personnages plus explicitement. C'est ce qui est beau car entre le doute, la colère, l'amour et la peur, beaucoup d'émotions se bousculent ici.
Côté ton le film est évidemment un vrai drame, pas de place à quelques moments plus légers, ce n'est pas le sujet. Dramatique car il dépeint l'endoctrinement, la perte de repère, ce qui conduit à prendre des décisions comme celles-ci. Made in France de Nicolas Boukhrief montrait également tout cela mais sans la dramaturgie, que Téchiné maîtrise assurément. Pourtant à bien des égards le film peut aussi sembler laborieux, principalement à cause de son rythme si l'on ne se laisse pas embarquer par cette histoire, ce qui n'est pas une mince affaire étant donné le sujet, ainsi que le jeu très inégal pour ne pas dire plat de Kacey Mottet Klein. Lui qui pourtant se débrouillait très bien dans Quand on a 17 ans. C'est un problème car si il n'est pas forcément question d'éprouver de l'empathie pour ce personnage, il n'en demeure pas moins principal. Heureusement avec Catherine Deneuve c'est une autre paire de manches, puisque l'actrice rayonne littéralement dans ce drame. Elle compose un personnage nuancé, aimant et finalement fort puisqu'elle est amené à sauver son petit-fils. La relation entre les deux n'est pas toujours évidente à saisir car elle manque parfois d'épaisseur, notamment vis à vis du personnage de la mère, décédée au préalable dans l'histoire et qui s'avère être l'élément déclencheur en fin de compte.
L'Adieu à la nuit est un film poignant, malgré quelques faux pas l'oeuvre parvient à demeurer juste et absente de cynisme ou de jugement quant à la gravité de ce qu'elle raconte.