Féministe ? pas tant que ça...

Je suis partagé, comme avec tous les Ferrara que j'ai vu jusqu'à présent. D'un côté c'est court, efficace... mais de l'autre ça reste un film qui est quand même malgré quelques nuances à apporter (c'est quand même réalisé par un mec, donc c'est un peu plus intelligent et subtil qu'une bouse réalisé par une bonne femme misandre) un film où tous les mecs sont représentés comme des salauds finis. Après faut nuancer... Le film arrive à jouer un peu sur la nuance, mais en gros c'est ça... les hommes sont des salauds qui ne pensent qu'à baiser toutes les filles qui passent...

Je ne dirai pas que c'est pas vrai, c'est cool de baiser des filles, j'adore baiser... mais le résumé est un peu facile... et placer la fille en oie blanche au milieu c'est un peu un gros mensonge. Bon en réalité il n'y a qu'une seule oie blanche, l'héroïne et qui va finalement faire comme toutes les femmes, jouer de ses charmes pour parvenir à ses fins, c'est-à-dire, dans ce cas là, buter des mecs qui ne lui ont rien fait.

Le film montre quand même certains aspects très justes de la misère sexuelle... d'un côté on a les jeunes losers qui draguent dans la rue tout ce qui bouge, sachant très bien que les femmes vont les rejeter car ils ne correspondent pas à leur standing, mais ils essayent quand même... sur un malentendu ça peut marcher... et de l'autre on a des gens qui pensent que c'est du tout cuit du fait de leur position sociale, de leur travail... et qui eux arrivent à baiser. De ce côté là c'est très juste.

On a également le seul personnage masculin qui n'est pas un monstre fini, mais qu'une femme transforme en monstre et là c'est assez intéressant puisque l'héroïne elle ne fait pas la distinction entre le type au coeur ravagé par une femme, le pauvre type, le bourgeois ou bien le voyou.

Car ici, si tous peuvent être insistants, ben ouais, on est des mecs, on veut tremper le biscuit, les seuls qui sont "méchants", ou qui représentent un réel danger sont les violeurs ou les voyous. Les autres ne font que de la drague un peu maladroite et lourde... et se font en général évincer...

Quelque part le féminisme c'est ça et je ne sais pas si c'est une volonté de Ferrara de le décrire de la sorte ou si c'est inconscient, mais on a une femme qui en veut à tous les hommes du monde (le ressentiment, faut lire ce que dit Nietzsche à ce sujet, mais disons qu'on ne va pas porter dans notre coeur des gens qui vivent de rancune), et qui met tous les hommes et ceci peu importe leur condition sociale, leurs réelles intentions, la misère dans laquelle ils vivent, dans le même panier.

Du coup le film n'est pas aussi lisse et uniforme qu'il peut sembler l'être... puisqu'en réalité si les mecs sont des salauds, elle aussi...

La vengeance n'est pas fun, les pauvres mecs n'ont rien demandé, on n'est pas comme dans un l'aubergine était presque farcie ou autre film de Pinky violence où des gangs de filles butent des mecs avec une grand classe juste pour le fun...

Certes certaines scènes sont très esthétisées, mais tu n'as jamais cette sensation de jouissance du style : "bien fait pour sa gueule", les mecs qui sont butés sont pour la plupart des pauvres types, innocents. Le seul où vraiment il y a un soulagement, c'est le premier, car c'était mérité, d'ailleurs il y a un traitement du meurtre en hors champ bien trouvé.

Et globalement la mise en scène est très bonne. On a quand même l'un des seul film à réussir à foutre un jumpscare ayant un sens ! En effet le jumpscare se passe dans sa tête... donc forcément il est justifié, il n'est pas là juste pour effrayer le spectateur d'une façon on peut plus vulgaire.

Bref c'est sympa, intéressant... Mais après, je ne sais pas si c'est l'époque qui fait ça, mais je trouve ça un peu daté visuellement, et peut-être un peu mou par moments.