Tout ce qu’il voudrait dire en creux sur la solitude qu’éprouvent au quotidien des personnes âgées endeuillées par la perte de leurs proches s’effondre comme un château de cartes quand vient le coup de théâtre, la goutte d’eau qui fait déborder le vase comique et le transforme en drame historique lourdingue et peu crédible.


Car la relation tendre qui unit les deux personnages campés par Helen Mirren et Ian McKellen repose d’emblée sur une suspicion, sur un doute quant à la culpabilité de l’un et l’honnêteté de l’autre ; or, ce que Bill Condon n’a pas compris, c’est qu’en suggérant comme il le fait, c’est-à-dire avec la délicatesse d’un pachyderme égaré dans un couloir, le spectateur a non seulement deux tours d’avance sur l’action en cours, mais surtout la conviction qu’une bascule dramatique est inévitable et prendra le chasseur à son propre piège. Il aurait mieux fallu inscrire l’arnaque et sa déroute dans un cadre plus naïf, comme le faisait Mr. Holmes il y a peu : une douce retraite idyllique qui s’entache peu à peu, à mesure que le chasseur resserre les filets de son piège.


La partition que compose Carter Burwell va dans ce sens, privilégie la mélancolie légèrement surannée et constitue ainsi l’une des principales qualités d’un film assez vain et aux flashbacks malvenus qui font de l’Histoire un levier scénaristique prétexte. Comment croire au traumatisme de l’héroïne qui joue à l’amoureuse avec son bourreau, fait les boutiques et boit du vin en compagnie ? L’Art du mensonge support fort mal les mélanges auxquels il se livre sans adresse ni vision esthétique pertinente ; en résulte un film mal nommé (The Good Liar n’est guère meilleur) et qui ne vaut finalement que pour son duo de tête, somme toute charmant.

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le 24 janv. 2020

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