Ce film c’est avant tout les accords de Munich revisités et réinterprétés, ni plus ni moins (l’intrigue concernant les deux anciens d’Oxford n’est que prétexte). Une reconstitution historique plutôt réussie, et une fois de plus, Jeremy Irons prouve qu’il est un grand acteur en interprétant un Neville Chamberlain plus vrai que nature. 
Le film restitue bien l’époque et notamment l’état de l'opinion publique soulagée par les accords de Munich. À sa descente d'avion, Neville Chamberlain, toujours plein d'illusions, n'hésitera pas à affirmer qu'Hitler « est un homme sur qui l'on peut compter lorsqu'il a engagé sa parole ». Le film ne présente que le point de vue anglais ; les Français et Daladier n’existent quasiment pas. Historiquement on sait qu’en France, au lendemain des accords de Munich, tous les journaux titraient : "La Paix !" Et Daladier fut accueilli à son retour par une foule en délire. On dit qu’Édouard Daladier aurait dit, à sa descente d’avion en voyant la foule l’acclamer : « Ah les cons ! S'ils savaient ». Légende ? 
Parce que les cons en question, ce sont Chamberlain et Daladier qui ont fait preuve de naïveté, d'aveuglement et de légèreté en signant ces accords. Mais le film, lui, considère que Chamberlain n’était pas dupe, qu’il aurait tout vu, tout compris, qu’il a cherché à gagner sciemment du temps pour préparer son pays à la guerre. C’est écrit en toutes lettres dans le film : « Le délai obtenu par ces accords a permis à la Grande-Bretagne et à ses alliés de se préparer et de vaincre l’Allemagne. » Rien que cela ! On préfèrera le jugement que l’on prête à Churchill : « Ils ont accepté le déshonneur pour avoir la paix. Ils auront le déshonneur et la guerre ». 
Cette réhabilitation de Chamberlain me fait un peu penser à ces réécritures concernant Pétain, qui, lui, aurait empêché la France de connaître un plus grand désastre, en capitulant et en collaborant avec l’Allemagne nazie. « Pétain, bon chien... »