Après Visconti, François Ozon s'attaque à un momument de la littérature réputé inadaptable : L'étranger de Camus.
On ne peut que se féliciter que la signature de ce cinéaste attire son public dans les salles pour suivre un film très sérieux sur un propos plutôt ardu.
On ne va pas revenir ici sur le personnage de Meursault, ni sur la philosophie de Camus, l'absurde etc … tout a déjà été dit.
On n'est pas non plus obligé de relire un texte pas trop facile.
Mais on peut en profiter pour (re-)découvrir la BD de Jacques Ferrandez, très fidèle au propos de Camus, et qui pourrait presque passer pour le storyboard du film de F. Ozon.
La BD restait fidèle au texte, pas facile à décrypter, mais le mettait en images. C'est plus facile à lire ! Le film lui, est un véritable choc intellectuel car le propos devient celui d'un homme, remarquablement incarné par Benjamin Voisin.
Meursault, jusqu'ici simple personnage de papier est devenu vrai.
Son indifférence, son absence d'empathie ou de sentiments, son refus de mentir ou de jouer, de se plier aux conventions sociales (enterrement, mariage, …), tout cela crève l'écran, juste en face du spectateur.
Le propos est devenu aussi clair que le soleil et les yeux transparents de l'acteur.
Nouvelle époque oblige, Ozon prend soin de bien caler son film dans les années 40 avec une vraie-fausse bande d'actualités Gaumont, un très beau noir et blanc et une nostalgique reconstitution d'Alger. Le racisme de l'époque est également assumé (le dernier plan sur la tombe, la chanson de The Cure au générique, …) pour ne pas heurter le monde d'aujourd'hui.