Un soleil de plomb
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le 17 oct. 2025
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Si Albert Camus définissait son roman comme « la nudité de l’homme en face de l’absurde » (Carnets), François Ozon semble avoir compris l’inverse, soit l’absurde d’une nudité de l’homme qu’il ne cesse de provoquer façon magazine de mode : le torse velu comme il faut de Benjamin Voisin, son postérieur rebondi, plus vallonné que la topographie algérienne, son entrejambe entraperçu alors même qu’il constituait, à n’en pas douter, la clef de voûte de cette adaptation incapable d’articuler le texte et les images qu’il générait dans l’esprit du lecteur. Ce nouvel Étranger souffre d’une étrangeté compartimentée : on ouvre le tiroir colonialiste, on ferme celui de la duplication de la femme aimée dont l’avatar arabe exerce le plus vieux métier du monde – topique du cinéma de François Ozon –, on laisse entrebâiller celui de la thèse psychanalytique qui projette une mère freudienne en plein désert saharien…
Le talentueux comédien principal ne sait quand il doit parler ou garder le silence, rendant ses silences déplacés (socialement) et sa parole gênante (narrativement). La réorganisation de la première partie du récit, puisque le séjour en prison sert de cadre suspensif à une suite d’analepses – procédé déjà observé dans Été 85 (2020) – se révèle peu fonctionnelle, suivie d’une séquence de procès façon Anatomie d’une chute (Justine Trier, 2023), l’immersion en moins. La réside la principale faiblesse du long métrage, dans son incapacité à atteindre par ses artifices de cinéma (noir et blanc, ralentis, musique atmosphérique), comme Camus recourait à des partis pris littéraires, une existence authentique, pour elle-même. Dommage.
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il y a 1 jour
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