Un film noir et une romance sur un chevalier errant des bas-fonds partagé entre la marge et la loi

D'après un roman de Milton Holmes, le scenario de Rossen, dont c'est le premier film comme réalisateur, est complexe.

Le joueur joué par Dick Powell est un personnage assagi mais au passé tumultueux. Il est très maitre de lui et des risques qu'il prend ou qu'il refuse dans sa vie amoureuse, dans ses amitiés (par exemple avec le repris de justice joué par Phil Kellog) et dans ses relations professionnelles : il est partenaire dans un casino du boss Margettis joué par Thomas Gomez, et aussi partenaire d'un flic corrompu et violent.

C'est un personnage classique de  "chevalier errant des bas-fonds" qui est à la limite de la loi, de la morale et des conventions. 

Il reste longtemps insensible aux dérèglements citoyens des malfrats qui sont autour de lui, jusqu'à ce que l'amour fissure sa façade de flegme et de cynisme et que les menaces sur sa dulcinée, jouée par Evelyn Keyes, puis sur lui-même le poussent à l'action et à choisir son camp.

Il le fait solitairement d'abord et l'arme à la main en se défendant des gangsters, puis il bascule du côté de la loi commune représentée par le flic harceleur mâchouillant un cigare joué par Lee J. Cobb. 

Entretemps, il a connu ou subi la trahison d'un ami, la suspiscion policière pour l'assassinat d'une jeune ingénue jouée par Nina Foch, et pas mal d'autres avanies.

Comme dans les films noirs de cette époque, le rythme rapide des dialogues avec des phrases très courtes échangées rapidement va presque jusqu'à la caricature du genre, même si ce ne sont pas ici des punchlines - ce qu'on aime bien entendre dans ce type de polar. 

Le type d'humour très ramassé à l'intérieur d'une scène d'action est par exemple celui-ci. Dans une courte scène, on remarque Jeff Chandler - sa deuxième apparition au cinéma - qui joue un simple comparse : il ramasse ses gains et quitte en vitesse une table de poker avec ces quelques mots, en écho à une série de coups de feu tirés dans une pièce voisine : "Je n'aime pas cette toux"...

(Notule de 2022 publiée en décembre 2024).

Michael-Faure
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le 18 déc. 2024

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