Quand le classicisme se le dispute au fantastique.

Alors que vient de sortir en salle la dernière tribune pro-héroïsme américain de papy Clint, je découvre après tout le monde l'un de ses premiers films, souvent vendu comme l'un de ses meilleurs.


Et pourtant, lorsque j'ai lancé le DVD, j'ai pris peur. Eastwood maîtrise le langage cinématographique dans son acception la plus basique. Toute la scène d'ouverture où l'homme sans nom pénètre dans la petite ville de l'Ouest est d'une pâleur et d'une artificialité incroyable, en comparaison des atmosphères incroyables que Sergio Leone insufflait à ses westerns.
Plans séquences filmant Eastwood de biais, longs travellings sur les visages inexpressifs et fantomatiques des habitants... Et puis, j'ai compris. "L'Homme des hautes plaines" n'a pas vocation à être un western grandiose, l'héroïsme n'existe pas dans cette Amérique peuplée de lâches, de pervers, d'hommes brutaux, de femmes volages, de politiques corrompus et couards.
La ville dépeinte se résume à quelques baraques disposées de manière factice , tout simplement parce que l'action du film aurait pu se dérouler dans n'importe quel autre lieu. Cette bourgade n'est qu'un symptôme, un reflet de la violence et du désespoir qui règnent en maître dans ces territoires désolés, où n'importe quel homme peut devenir un monstre.
Clint se limite à une réalisation classique, mais c'est bien du fantastique qui se dégage de l' “Homme des hautes plaines”. Le spectateur assiste, impuissant, à la décadence de la ville et de ses habitants, qui n'attendaient que la venue de cet étranger tyrannique pour révéler leur vraie nature. Quant à savoir s'il faut rire avec le bourreau ou prendre la défense de lâches retors, le film ne tranche jamais la question...
Les scènes rêvées ne laissent plus aucun doute : Eastwood veut dépeindre un enfer, un enfer résolument humain, où la vigueur des flammes est entretenue par les lourds secrets enterrés.
La fin du film achève de donner à ce long-métrage une aura unique, alors que l'on comprend que le genre du western n'a jamais été qu'un prétexte pour le jeune réalisateur.

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le 5 mars 2018

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Mr_Step

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