La première version de L’Homme qui rétrécit, signée Jack Arnold et sorti en 1957, est l’une des expériences cinématographiques les plus marquantes de mon enfance. Vu sans doute trop jeune, j’en garde un souvenir extrêmement persistant – la scène du combat aux ciseaux m’avait par exemple absolument terrifiée. Le point de départ du film – un nuage de contamination radioactive – était comme un présage de la catastrophe de Tchernobyl presque 30 ans plus tard, en avril 1986. Le film de Jack Arnold fait aujourd’hui partie de mes œuvres de science-fiction préférées, et pourrait très bien faire partie d’un top 10 élargi.

Autant dire que ce remake (qui est une nouvelle adaptation du roman éponyme de 1956 écrit par l’américain Richard Matheson) était attendu au tournant. D’un côté, mon désir de le voir était grand, mais de l’autre je savais que je ne pouvais qu’être déçu.

Je pense que ce cru 2025 est un honnête film pour ceux qui n’auraient pas vu la version de 57. L’histoire et les rebondissements sont sensiblement les mêmes (inutile d’énumérer les quelques différences, mais les similitudes sont trop nombreuses à mon goût) ce qui tue dans l’œuf tout effet de surprise. Il m’aura ici manqué l’émotion ressenti devant le premier film.

L’Homme qui rétrécit 2025 est réalisé par Jan Kounen, cinéaste en vogue mais plutôt moyen (j’ai d’ailleurs mis 6 à tous ses films), principalement connu pour 99 Francs en 2007, déjà avec Jean Dujardin – son plus gros succès au box-office avec 1,2 millions d’entrées. Son dernier long métrage datait de 2020 : Mon cousin, avec Vincent Lindon et François Damiens, et avait plutôt flopé (350 000 entrées).

Avec son budget de 21 millions d’euros (soit le 7e film français le plus cher de 2025), L’Homme qui rétrécit est un projet particulièrement ambitieux. Paul, notre personnage principal, père de famille et banal gérant d’une entreprise de construction navale en difficulté, est incarné par Jean Dujardin. Indéniablement, l’acteur fait le job, bien qu’on soit loin de ses meilleurs rôles. Lors d’une baignade en mer sur une plage du Nord de la France (le film est tourné entre Calais, Dunkerque et Zuydcoote), Paul est pris dans un étrange tourbillon météorologique. Dès lors, notre homme va perdre quelques centimètres chaque jour, au grand dam des médecins qui ne savent expliquer un tel phénomène. Des chemises légèrement trop grandes, nous retrouvons rapidement Paul dans la maison de poupée de sa fille, avant qu’un événement dramatique le chat-hute et qu’il se retrouve coincé à la cave. Les fusils de Tchekhov disséminés dans le film (à l’image de l’araignée que Paul refuse de tuer au début du film) sont un peu gros et visibles pour le spectateur – et de manière générale le film manque de subtilité – mais l’ensemble fonctionne malgré tout.

Pour l’anecdote, Jean Dujardin avait déjà fait l’objet d’un rapetissement au cinéma, dans Un homme à la hauteur, du regretté Laurent Tirard en 2016. Les effets spéciaux sont extrêmement réalistes, les premiers changements de taille sont quasiment imperceptibles si bien que le spectateur se pique d’abord au jeu de déceler les premiers indices d’un rétrécissement. Evidemment, c’est le département décors et accessoires qui a dû bien s’amuser : imaginer des fauteuils trop grands et différents ustensiles à taille variable a dû être un plaisir pour l'équipe !

On aurait souhaité un très grand film d’aventure et de science-fiction à la française. L’Homme qui rétrécit n’est qu’un honnête divertissement, qui manque de finesse et d’émotion, mais qui remplit son rôle de récréation. Le long métrage de Jan Kounen ne restera pas un incontournable de 2025, mais il y a toujours un indéniable plaisir de spectateur à retrouver Dujardin au cinéma !

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