Vu en AVP, en présence de Jan Kounen et de Jean Dujardin (qui a bien grandi depuis la fin du tournage).


Déception pour ma part.


Je n'ai pas retrouvé dans ce film ce que j'avais préféré dans le roman de Matheson, à savoir tout le processus d'humiliation du personnage, qui voyait progressivement ébranlées puis souillées sa masculinité et sa dignité, par son rôle de mari d'abord (lorsqu'il réalise, passé une certaine taille, qu'il n'excite plus sa femme et devient physiquement incapable de l'honorer) puis de père (lorsque, devenu plus petit qu'elle, il perd toute autorité sur sa fille) puis tout simplement d'adulte (le passage à tabac par les ados), cela jusqu'à l'humiliation suprême (l'agression par l'autostoppeur pédo). Succession d'humiliations affreusement dégradante pour le perso, progressivement réduit à un nabot geignard, et rabaissé à mater à son insu la nounou mal dégrossie de sa fille, puis à tromper sa femme avec une naine pour enfin se sentir de nouveau pousser des couilles. Tout ca était terrible et la matière à un super film.


Mais rien de tout cela ici, alors que le film (qui choisit d'ailleurs le récit chronologique plutôt que la narration éclatée du roman) consacre pourtant sa première moitié à ce volet familial/domestique. Mais plutôt que d'explorer cette dimension du bouquin, il nous propose autre chose, pas fondamentalement mauvais en soi, mais tellement moins inspiré et plus sage que bof, vraiment eu du mal à m'enthousiasmer devant ce que je voyais.


Cela avant de basculer dans sa seconde moitié dans le survival dans la cave (pour le coup le volet du roman qui ne m'a pas vraiment intéressé), seconde moitié un peu plus ludique et à la limite plus intéressante (du coup) puisque prétexte à quelques expérimentations visuelles et séquences un peu sympa (celles avec l'araignée notamment - je les déteste), et des variations vis-à-vis du bouquin qui là m'ont intrigué plutôt que déçu.


(Cela dit, j'ai pas compris l'intérêt d'ajouter un poisson rouge dans la cave, puisque du coup la gamine ou la mère auraient logiquement dû descendre à un moment pour le nourrir ou a minima lui faire coucou - la gamine ayant l'air de l'aimer -, ce qui aurait permis au Duj de se faire repérer, mais apparemment non, le reste de la famille osef du poisson en fait, donc pas de chance.)


Mais bon, si c'est de l'ouvrage décent, ce n'est pas non plus l'éclate totale (en matière d'expérimentations visuelles, on est en comparaison à 1/10 sur l'échelle du Blueberry du même Kounen - film que je déteste pour d'autres raisons), tout cela est encore une fois très sage.


Bref, ça se regarde, mais je n'y ai pas retrouvé ce que je cherchais, et n'y ai rien trouvé d'autre...


Je vois pourtant bien ce que le film essaie d'être (outre l'exercice de style sur les jeux d'échelle), un voyage initiatique et une réflexion sur notre vie/mortalité/finitude/place dans l'univers blabla ; mais je sais pas, les aphorismes bateaux sur la vie par la voix-off de Dujardin sonnent trop ici comme ceux de 99 Fr pour que j'arrive à trouver ça trop profond/poétique comme le film aimerait.


Donc bof. Je pense qu'il y a une autre adaptation plus intéressante que ça à tirer du bouquin.


Paix sur les deux J(e)an néanmoins, je trouve ça cool d'avoir tenté un tel projet, et tant pis pour moi.

ServalReturns
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ServalReturns

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