David, incarné par Cary Grant, est un beau paléontologue, fiancé, avec une vie bien rangée, limite la balançoire dans le jardin pour les mômes. Il fait la connaissance de Susan, interprétée par Katharine Hepburn, une forcenée expansive qui va lui en faire voir de toutes les couleurs. Elle va solliciter son aide pour garder un pensionnaire pas vraiment comme les autres...



Du comique de situation



Je déteste les gens qui font des titres avec "du", ou "de". Genre "Du contrat social". Franchement, c'est une manière de commencer un texte ça ? C'est comme les gens qui disent "les internets" au lieu de dire "internet". Ca n'a ni queue ni tête. Un peu comme Varys dans Game of Thrones.


Les prestations de Cary Grant et Katharine Hepburn sont extraordinaires. Quel pied de les voir se chercher, se trouver, se lancer des minauderies ou des méchancetés à la figure avec un aplomb inimaginable. C'est très bien scénarisé. On parle souvent des dialogues dans les films, qui ici sont mordants et piquants, mais c'est avant tout parfaitement écrit de bout en bout. Les quiproquos marchent à merveille. Le comique de situation opère à toutes les scènes, Howard Hawks jouant sans cesse sur le décalage entre le sérieux de David et la douce folie de Susan. Le léopard, si il m'a apporté quelques moments de franches rigolades, était surtout utilisé pour faire la part belle au duo des deux inséparables, par la force des choses. A titre personnel, j'en veux un comme ça !



Je vais fermer les yeux et vous allez partir. Quand j'aurai compté jusqu'à dix, vous serez partie ! David (Cary Grant)



Le chewing-gum. La sangsue. Le pot de colle. Si l'histoire se centre autour de l'animal apprivoisé, ils ont tous un rôle dominé/dominant. Ce dernier va écouter Susan mais pas les policiers, notamment lors des scènes finales à mourir de rire dans le commissariat. Il n'en fait qu'à sa tête, tout comme le pauvre chien, George, ou Os, pour les intimes. David sera à la botte de Susan durant tout le film, où cette dernière agira comme une vraie tigresse, à le pourchasser et à le malmener. Elle ne le laisse pas respirer, que ce soient dans les paroles qu'elle débite à une cadence impressionnante ou de par la construction linéaire délirante de l'intrigue, elle prend sans cesse l'ascendant sur lui. Ce rapport maître/esclave, extrapolé, crée toute la dynamique du film et engendre beaucoup de possibilités. Katharine Hepburn y est pour beaucoup car elle met toute son énergie au service du rythme. On ne va pas se mentir, je commence à apprécier de plus en plus cette actrice même si je trouve qu'elle a tendance à surjouer le surjeu. Être expansive et faire des simagrées est beaucoup plus difficile qu'on ne le croit, car on tombe rapidement dans la caricature et l'artificialité. Je ne l'avais pas remarqué avec A Woman Rebels, c'est un peu plus visible ici.


Si l'actrice arrive aussi bien à nous saisir, c'est aussi parce que Cary Grant joue le jeu et est un bon punching-ball notamment lors de scènes où elle se fiche de lui. Il joue le contre-pied avec un humour pince-sans-rire très souvent grinçant. Et puis, il est beau comme un dieu. Ca aide.

Un classique dans le genre screwball comedy ?



Ma culture à ce niveau reste très sommaire mais pour en avoir vu une bonne dizaine, je dirais que c'est tout à fait ce que l'on attend d'une comédie qui joue sur l'explosion de saveurs. L'impossible Monsieur Bébé est culte grâce à son duo mythique mais aussi à sa mise en scène punchy qui est sans cesse dans le bon timing et rend les gags beaucoup plus réussis, notamment à l'aide de parfaites transitions. Tout concorde, tous les personnages se complètent et se renvoient la balle suivant un schéma précis et un humour omniprésent qui laisse peu de place à d'autres intrigues.


C'est un vrai grand moment de plaisir que je conseille à tout le monde, que vous aimiez ou non les "vieux" films. Celui-ci pourrait bien vous rabibocher avec le genre...

EvyNadler

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