La 317e section reconstitue avec un certain degré de réalisme une parenthèse historique très importante dans l'histoire de l'Asie et de la décolonisation française. Tout d'abord accentué par le fond sonore largement dominé par les bruits de la nature et où la musique est quasiment absente. Le réalisme des conditions de la guerre est surtout travaillé par la mise en scène, où les mouvements de caméra plongent le spectateur dans le milieu hostile dans lequel évoluent les personnages constamment rattrapés par la mort. Ici le mot hostilité prend tout son sens dans la sauvagerie humaine mais aussi dans la nature elle même, dont les soldats ont du mal à s'adapter (les courants des rivières, les insectes, la boue...)
Au delà de sa vérité historique, le réalisateur se focalise surtout sur ceux qui font l'histoire tragique de la guerre. Or il développe le portrait de deux hommes littéralement opposés mais dont les sentiments qu'il éprouvent l'un envers l'autre sont animés par une tendresse réciproque. D'un côté, il y a le lieutenant interprété par Bruno Cramer, homme d'expérience doté d'une incroyable lucidité qui a appris que la victoire n'est qu'une piètre illusion. D'un autre, le sous lieutenant incarné par Jacques Perrin dont la jeunesse et le manque d'expérience justifient malheureusement sa naïveté et dont les pensées sont projetées vers le futur et l'espérance. Or, le contraste entre les sentiments profonds des personnages qui les rendent intensément humains et touchants, ainsi que les conditions déplorables dans lesquelles s'embarquent les soldats rendent un film au résultat bouleversant, criant de vérité et profondément humain.