Daniel Auteuil joue un sexagénaire désabusé, rétif au progrès, qui saoule tellement sa femme, Fanny Ardant, qu'elle le vire. Elle est dans l'avenir, lui n'aime que le passé ; c'est idéal pour un entrepreneur joué par Guillaume Canet, qui lui propose à Auteuil, à l'aide de décors et d'acteurs, de revenir dans l'époque qu'il souhaite. Il choisit un jour de 1974, quand il rencontre pour la première fois sa femme dans un café.
Pour son deuxième film, Nicolas Bedos tape dans quelque chose d'ambitieux, qui rappelle beaucoup The Truman show, à la différence que Daniel Auteuil n'est pas dupe sur ce qu'il vit, mais il veut bien se laisser berner pour vivre à nouveau dans le passé. Il en résulte une œuvre nostalgique, qu'on n'aurait pas vu chez un réalisateur de cet âge-là (39 ans au moment du tournage), avec d'excellents acteurs, en particulier Fanny Ardant, que je trouve magnifique dans tous les sens du terme. On trouve aussi Guillaume Canet, Denis Podalydès, Dora Tillier, et un Daniel Auteuil que je trouve d'une grande sensibilité.
Comme je le disais, on pense parfois à The Truman show dans le sens où les acteurs qui composent les personnages du café où se rend Daniel Auteuil sont dans leurs rôles, mais qui semblent bloquer dès que celui-ci leur pose une question qui n'a pas l'air d'être dans le script, notamment ce qui se passait en 1974. Mais ici, on est dans le sens inverse où Auteuil ne se laisse pas avoir par le decorum, mais semble peu à peu confondre l'actrice qui joue sa future épouse, Dora Tillier, avec sa femme actuelle, qui continue à vivre, et même à se décider de vivre avec son amant.
Je n'oublie pas aussi Pierre Arditi, qui joue lui aussi un personnage qui rencontre à nouveau son père ; dommage qu'il n'est pas assez développé, ç'aurait pu être un beau sujet.
La belle époque tient surtout grâce à ses acteurs, mais je regrette qu'au fond, il soit si peu émouvant ; le sujet aurait du être la nostalgie, pas celle qu'on se fabrique, et là, on le voit que très peu, en particulier dans le deuxième rôle qu'incarnera Dora Tillier. Il y a aussi une vulgarité qui m'a fait un peu tiquer ; entre Guillaume Canet dire deux fois à cette dernière si elle a taillé une pipe...franchement ?
Je n'ai pas encore vu son premier film, il sera le réalisateur du troisième volet de O.S.S. 117 : d'après cette Belle époque, Nicolas Bedos est un réalisateur doué, à en juger la mise en scène et son écriture, mais avec un poil d'émotions, il serait allé plus haut.