En ce milieu des années 70, le western spaghetti est en train de vivre ses dernières belles années. Les amateurs du cinéma bis se sont en effet, peu à peu lassé d’un genre qui aura eu du mal à se renouveler depuis les chef d’oeuvres de Sergio Leone ou Sergio Corbucci, préférant désormais les films d’art martiaux alors en pleine expansion. Une nouvelle vague initiée en 1972 par l’énorme succès de «La Main de Fer», produit par le studio de la Shaw Brothers qui permettra à un nombre conséquent de films de kung fu de débarquer sur nos écrans. Désireux de poursuivre son développement en Occident, le studio va par la suite, se diversifier en co-produisant quelques films de genres (Action, polar, western...) en Allemagne, Angleterre et Italie.
Autour d’un scénario alliant parfaitement Western et Arts Martiaux, «La Brute, le Colt et le Karaté» sera la première de ces collaborations avec des producteurs transalpins (et espagnols), créant pour l’occasion, un sous-genre communément appelé, western soja, western kung fu ou même western chop suey.... Un projet gagnant-gagnant permettant d’un côté, au western italien de se relancer, de l’autre, au cinéma asiatique de poursuivre son expansion à l’Ouest.
On va donc réunir deux des plus grandes stars des deux genres. Lee Van Cleef, qu’on ne présente plus depuis sa prestation dans «Le Bon, la Brute et le Truand» et Lo Lieh, la tête d’affiche de... «La Main de Fer». Derrière la caméra, c’est l'éclectique (il aura touché à peu près à tous les genres durant sa longue carrière) réalisateur italien Antonio Margheriti, qui est finalement choisi.
Résultat, un film rythmé et sympathique qui, sans être une oeuvre majeure, se place aisément au dessus du lot. Tout d’abord, grâce à un scénario original qui voit nos deux héros obligés de retrouver 4 prostituées pour reconstituer un message (un morceau est tatoué sur les fesses de chacune d’elles) qui leur permettra de retrouver un trésor. Grâce aussi à l’évidente complicité des deux acteurs qui forment un duo plaisant et plein d’humour. Margheriti en honnête artisan, fait le job malgré quelques limites lors des scènes de combats. Visiblement peu à l’aise devant les exploits de la star asiatique, il filme platement les pourtant nombreuses scènes de «tatanes». On ne s’ennuie donc pas une seconde devant ce western original qui satisfera tous les amateurs du cinéma bis.
Malgré ses qualités, le film ne connaitra malheureusement pas le succès attendu. Le Western Soja tournera finalement court malgré d’autres tentatives, elles aussi de qualité.