Sorti en 1971 et réalisé par Peter Bogdanovich, The Last Picture Show fait partie de ces pépites méconnues que je ne découvre malheureusement que tardivement.
Le long-métrage va s'attarder sur la jeunesse des années 1950 en la confrontant aux adultes dans l'état du Texas. Les deux "groupes" s'entendent moyennement et sont continuellement dans une relation d'amour-haine/jalousie/entraide.
The Last Picture Show est finalement comparable selon moi à Le Lauréat (1967) de Mike Nichols mais dans une période et un contexte bien différent. Dans le film de Nichols, le point de vue reste en faveur du personnage de Dustin Hoffman confronté à un monde adulte méprisant. Le conflit des générations est également présent ici mais se veut à mon avis bien plus neutre dans son propos.
Nous retrouvons ici un jeune Jeff Bridges déjà très bon et Cybill Shepherd (vue également dans Taxi Driver) qui vous marquera longtemps encore après le visionnage. Ici les groupes d'adolescents font continuellement la fête, boivent et cherchent à tout prix à perdre leur virginité, notamment le personnage de Shepherd qui pour se faire se voit prête à tenter de nombreuses approches. Le comportement de ces jeunes gens semblent parfois peu maîtrisé et dans une totale roue libre. Cet espace du Texas semble perdu, agonisant, vide et inutile.
D'un autre côté les adultes remettent en cause régulièrement le comportements des adolescents. Ils vont jusqu'à les jalouser, voir les fantasmer. Cela sera d'ailleurs le cas pour le personnage interprété par Timothy Bottoms qui vivra une relation avec une femme plus âgée que lui. Cette relation mènera à une scène de dispute sur la place de chacun et leurs divergences inévitables de vision du monde. La sexualité reste l'un des points les plus importants du métrage, c'est cette thématique qui guidera les personnages à changer les uns après les autres comme une sorte d'aura libérateur. L'oeuvre met énormément en avant cette idée de recherche de liberté, un passage à l'âge adulte.
Le film se veut profondément réaliste et poétique, il possède un aura captivant difficilement identifiable. L'image est sublimée par un noir et blanc superbe. Il s'agit d'une oeuvre marquante sur laquelle il est intéressant de revenir mais finalement compliqué de mettre les mots précis qui font de ce métrage un grand film.
J'aime particulièrement cette dernière scène ou les deux personnages principaux se retrouvent finalement au cinéma lors de cette fameuse dernière séance annoncée par le titre du film. Comme si la fin du cinéma signifiait un passage à l'âge adulte, à une autre époque, une autre part de notre existence.
The Last Picture Show n'atteint certes pas le niveau de prestige du film de Mike Nichols auquel je l'ai comparé plutôt (comparaison totalement personnelle et peut-être à côté de la plaque je m'en excuse), il en reste une oeuvre culte à voir absolument une fois dans sa vie morne et désertique.