Sur le papier, La Passagère de la cabine 10 avait tout d’un thriller élégant : une croisière de luxe, une héroïne paranoïaque, un meurtre sans corps, et Keira Knightley en journaliste au bord de la crise de nerfs. Sur Netflix, le cocktail tourne à l’eau tiède.
Le film aligne ses plans léchés de yacht clinquant comme une pub Dior en mer du Nord, mais la tension, elle, reste au port. Tout est trop lisse : la mise en scène de Simon Stone cherche la sophistication mais oublie l’angoisse. L’écriture gomme les zones d’ombre, édulcore le malaise mental du personnage principal, et remplace la peur par un suspense convenu, calibré pour un samedi soir distrait.
Keira Knightley, impeccable comme toujours, tente d’insuffler un peu de panique intérieure à son rôle, mais le scénario lui refuse toute folie. Guy Pearce cabotine en propriétaire manipulateur sans réelle ambiguïté, et même la révélation finale — censée faire chavirer l’histoire — arrive comme une vaguelette dans une mer d’huile.
On sent le potentiel du roman de Ruth Ware, mais l’adaptation Netflix préfère la surface au fond, le style au souffle. La Passagère de la cabine 10, c’est un peu Gone Girl sans le poison, The Talented Mr. Ripley sans le charme, Knives Out sans le fun. Un joli emballage… qui flotte sans jamais vraiment couler, ni surprendre.