Critique du film La Favorite de Yorgos Lanthimos
Le dernier film de Y. Lanthimos, palme d'or (The Lobster ou Le homard pour les non anglophones) copie les premiers plans de Tess (Tess d'Uberville, roman de Thomas Hardy) fameux de Roman Polanski. Je fais allusion à la scène où Emma Stone se vautre. Auparavant, elle a vu un jeune homme se masturber devant elle. On voit qu'on est dans l'époque post-weinstein, sans rire. Est-ce qu’une femme digne de ce nom et à la dite époque ferait la même chose ? Cela dit, on se masturbe beaucoup à la cour. Il faut croire que l'onanisme a le vent en poupe (sic).
C'est dûment crottée qu'Emma Stone arrive au château où elle cherche une place. Le scénario nous indique qu'elle a dégringolé quelques marches sur l'échelle sociale. La jeune femme saura rappeler ses origines perdues plusieurs fois. La fin justifie les moyens. Tout est prétexte pour cette parvenue et rien n'est trop beau pour redorer un blason terni.
On se situe plus dans une veine dix-neuviémiste ou à tout le moins victorienne, que dans un château au XVIIIe siècle.
Yorgos Lanthimos ne cache pas que son film est a-historique. Vous trouverez son interview sur youtube aisément.
Les entorses à l'histoire et les ficelles trop grosses m’empêchent d'en dire du bien.
Dès lors, qu'est-ce qui peut sauver le film ?
Le jeu des acteurs ! Rachel Weisz en tête. Apparaissant à son avantage au début du film, loin de moi l'idée de déflorer le film ! Elle saura tirer parti des situations. C'est le seul rôle véritablement ambitieux et bien (d)écrit dans cette distribution.
L'histoire n'a rien d'exceptionnel et paraît somme toute banale.
Soulignons cependant le soin apporté aux rôles masculins cyniques et cruels, ainsi que la dimension du personnage de la Reine campée par Olivia Colman. Rappelez-vous, elle jouait la sœur de la Reine Elisabeth dans la série The Crown (Netflix). Olivia Colman a obtenu le césar de la meilleure actrice pour ce rôle.
Que dire de Emma Stone ? Son personnage manque de relief et tombe dans les écueils. Un goût trop convenu. Passons.
Le soin apporté aux décors et aux costumes n'enlève pas une désagréable sensation de chasse à courre loupée et de fin bâclée. Seul le chien me semble digne. Ouvrez l'œil. Avis aux spécialistes de tout poil. Le dit cabot ressemble à un Matin de Naples croisé avec un Dalmatien. Quelle classe.
Dommage pour un réalisateur qui s'essouffle trop vite à mon sens. Faut-il y voir l'itinéraire d'un enfant grec à Hollywood Land ?
Pour senscritique.fr le 14/03/18
Claudie Zehnacker tous droits réservés.