La femme qui en savait trop, aurait pu être un polar iranien classique, mais les scénaristes Nader Saeivar et Jafar Panahi font mieux que ça. Ils inventent un polar interdit, c'est-à-dire un polar censuré par un État patriarcal et autoritaire, donc un film éminemment politique, comme souvent dans le cinéma iranien.

Maryam Boubani porte le film sur les épaules de Tarlan, prof de danse retraitée, témoin d'un crime commis par un homme influent. Elle décide de porter plainte et se heurte vite à un mur. Entre résistance et soumission, parole et silence, Tarlan devient symbole de la lutte féminine impossible dans un pays sclérosé.

La mise en scène alterne très bien le montré et le caché, reprenant donc les codes du polar, avec bon nombre de scènes en intérieur et en voiture, conformément à l'esthétique du cinéma iranien, mais en y ajoutant une ouverture et une conclusion poético-politique superbement mise en scène, toujours sous le signe du regard, qui, comme sans doute comme le silence, est d'or. Car au fond, ce que dit le film, c'est que toutes les femmes en savent trop, toutes les femmes sont témoins. Et elles dansent, comme on se fait un clin d'œil, en signe de ralliement.


La femme qui en savait trop dépasse, par son intelligence, le cas de l'Iran, en devenant un hymne à la lutte et à la liberté.

Dormir_Debout
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le 17 sept. 2025

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