La Garce par pierrick_D_

Paris,fin des années 70.Lucien Sabatier,inspecteur de police qui effectue une ronde de nuit,ramasse Aline Kaminker,une mineure qui vient d'être éjectée de la voiture de son amant.Bien que marié et père de famille,le flic est très excité par sa passagère,qu'il finit par violer à moitié sur le capot de sa bagnole.A moitié,car si la fille résiste au début,elle prend finalement un plaisir évident à l'exercice.Ce qui ne l'empêche pas de porter plainte le lendemain,brisant la vie et la carrière du policier.Après six ans de taule,il est libéré et intègre une agence de détectives privés dont le patron le charge de surveiller une boutiquière du Sentier que la concurrence soupçonne de voler des modèles de création de vêtements.Surprise,cette Edith Weber n'est autre qu'Aline,ce qui plonge Sabatier dans une obscure et périlleuse enquête.Christine Pascal était une jeune comédienne en vogue des seventies,qui avait notamment tenu trois rôles importants lors des années 74-75 dans "Les guichets du Louvre","Que la fête commence..." et "La meilleure façon de marcher".La suite sera plus aléatoire et elle devra se contenter d'emplois secondaires,ce qui l'incitera à passer à la réalisation.Elle shootera cinq films dont un seul,"Le petit prince a dit",connaîtra le succès."La garce" est sa deuxième réalisation,et elle en a coécrit le scénario avec Pierre Fabre et Laurent Heynemann.Philippe Sarde,dont le frère Alain a produit le film,a composé une musique sinistre en phase avec l'action,tout comme l'est la photo,essentiellement nocturne,du chef-op historique de la Nouvelle Vague Raoul Coutard,collaborateur assidu de Truffaut et surtout de Godard.L'ambiance est conforme à la personnalité tourmentée de la cinéaste,qui s'est suicidée en 96 à l'âge de 42 ans.C'est une sorte de polar noir et nihiliste qui décrit la descente aux enfers d'un homme incapable de résister à son attirance pour une femme fatale,dans la grande tradition du thriller glauque et désespéré.L'oeuvre n'est pas exempte de scories,avec un rythme inégal,des dialogues trop écrits et des personnages aux réactions pas toujours logiques.C'est aussi raconté de manière trop complexe pour une histoire au fond simple,mais cette étrangeté fonctionne globalement et Pascal maîtrise à peu près son polar d'atmosphère.Elle est bien aidée en cela par la prestation inspirée d'un trio d'acteurs emblématiques de l'époque.Richard Berry,en flic borderline à la dérive,offre une performance fiévreuse et son duo-duel avec Isabelle Huppert en petite salope quelque peu givrée donne des scènes fortes mêlant violence et sensualité.L'actrice affiche cet air narquois et pervers qui fait son charme,donnant corps à une protagoniste à la psyché compliquée.Christine Pascal et elle étaient copines,elles avaient débuté ensemble et avaient même été colocataires,avec aussi une certaine Isabelle Adjani,pendant leurs années de galère.Le troisième élément du trio est l'Italien Vittorio Mezzogiorno,une fantastique gueule de cinéma,qui crève l'écran en caïd de la pègre manipulateur mais soumis lui aussi à sa fascination pour la fille.De bons seconds couteaux apparaissent ici et là,de Jean Benguigui en compagnon de cellule sympa à Bérangère Bonvoisin en ex épouse compréhensive,de Jean-Claude Leguay en flic solidaire à Clément Harari en faux père,en passant par le couple mal assorti formé de Jenny Clève en mère adoptive venimeuse et Jean-Pierre Bagot en mari effacé.