Du grand et vrai cinéma signé Paolo Sorrentino. Un cinéma italien, une langue qui s’écoute comme une mélodie, étant aussi jolie que véloce. Toni Servillo est somptueux, il incarne Jep comme personne. Giovanna Vignola joue elle aussi admirablement. On sent que Paolo Sorrentino cherche avant tout à créer du beau, du beau qui éblouit autant qu’il interroge. À l’écran, chaque scène est presque picturale, un tableau vivant par la composition du cadre, la précision des plans, la lumière, la mise en scène, le montage. Mais il n’y a pas que la forme, la parole, le discours porté, nous enrichit profondément.
La vie, la mort, l’amour, le temps qui passe, la vanité, la mémoire, l’art, tout est sans cesse remis en question, avec une intelligence douce, mélancolique, presque poétique. Le film devient une véritable méditation sur ce qu’est une existence réussie, sur la beauté qu’on poursuit et celle qu’on laisse échapper. Il nous confronte au vide, à la nostalgie, au regret, mais aussi à l’éblouissement, à cette « grande beauté » qui surgit parfois sans prévenir.
La Grande Bellezza, c’est un film qui nous oblige à regarder la vie au-delà de ce qu’elle montre. Il nous rappelle que la vraie beauté n’est pas dans l’apparat, mais dans l’intensité avec laquelle on traverse le monde. Il interroge cette fatigue intérieure qui naît quand on a tout vu mais peut-être rien proprement vécu. Il nous pousse à nous demander, qu’est-ce qui, dans une vie, mérite d’être gardé en mémoire ? Qu’est-ce qui laisse une trace ? Et soudain, on comprend que ce film n’est pas un spectacle, mais un miroir tendu à notre propre existence, un appel discret à ne pas passer à côté de la grâce.
Les dialogues sont extrêmement riches, vrais, d’une finesse rare. C’est du beau, du sincère, du maîtrisé.
C’est du grand cinéma.