J'ai du m'y prendre à de nombreuses reprises pour critiquer ce film à juste valeur. Si j'ai pu être déçu par l'admiration que certains portaient avec peut-être un peu trop d'enthousiasme à ce film, il n'en reste pas moins un excellent film qui mêle poésie, ivresse, musique et graphisme ! C'est avant tout l'histoire d'une histoire d'amour entre deux artistes plongés dans la précarité du Los Angeles qui attirait et attire encore les talents en quête de reconnaissance.Ces deux artiste-amants qui ne dissocient pas l'amour qu'ils se portent à celui qu'ils donnent à leur art se retrouvent coincés dans l'enfer des affres de l'amour, de la réussite et du travail. Les années passent, les saisons avec elles, et nos deux personnages se gravitent autour dans une ronde hypnotique en peu à peu s'éloignant, inéluctablement. Ce film est également un nid de référence dont, je dois le confesser avec une certaine honte, beaucoup me sont complètement étrangères. Qu'importe, son alchimie prend quand son spectateur ose le regarder dans l'obscurité de la nuit et le confort de sa couche.
La qualité des plans est particulièrement réussie, il y a un véritable graphisme, comme celui d'une bande-dessinée ou d'un dessin animé, où les couleurs, les courbes et les mouvements sont maîtrisés à la seconde près comme dans une véritable chorégraphie. Le jeu des personnages principaux, surtout celui d'Emma Stone, Ryan Gosling étant un peu plus transparent, revêt dans la manière de capturer leur regard une profonde et palpable sensibilité. Le film possède un rythme digne des plus brillantes partitions. Los Angeles y est extrêmement bien représentée, à un tel point que comme toute cette histoire elle semble modelée de carton-pâte. En fait, et c'est là le secret de la réussite du film, c'est qu'il est à LA ce que Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain est à Paris : une chimère, une illusion, une brillante romantique et un peu stupide superficialité. En réalité, le superflu semble roi dans cette oeuvre, et si c'est parfois légèrement charmant, il y a des moments où cela peut devenir tout à coup très agaçant, et un brin ridicule.
La La Land est un film poétique, musicale et rythmique bien avant d'être un film à proprement parler narratif. Superficiel, superflu, illusoire, c'est la beauté un peu factice des rythmes endiablés et de la sensiblerie artistique qui nous porte à regarder avec un certain plaisir ce film niais et assez bien orchestré. Quand elle se mêle aux autres arts, la musique épouse pour le meilleur et pour le pire , voire phagocyte le cinéma avec qui elle compose parfois.