mars 2011:

Pendant une bonne première partie, le numéro de clown couinant et grimaçant de Jack Oakie m'a copieusement cassé les gonades. Je l'ai trouvé usant, pas drôle, répétitif. Je suppose que le comédien jouissait à l'époque de la connivence du public. En ce qui me concerne, je le connais à peine pour goûter ses simagrées.

Fred McMurray se tient en retrait, tendant les perches à son camarade. Ce n'est que sur la deuxième partie qu'il prend une place plus importante, au moment où le film devient enfin intéressant et où il noue une relation romantique charmante avec la pimpante Jean Parker.

Jusque là le film se caractérisait surtout par un style très difficile à saisir, entre le western moraliste et le comique. Les premières images font craindre le pire : une voix pleine de solennité fait l'historique du Texas et se lance dans un panégyrique pompeux des Texas Rangers, institution grandiose parmi toutes qui aurait garanti à l'État sa pérennité, et bla bla bla... Il y est fait l'éloge de la probité morale qui habite le cœur pur de ces hommes courageux, luttant contre délinquants et criminels avec la fougue et la foi des hommes justes.

Là dessus, on suit les péripéties contraires et malhonnêtes d'un groupe d'hommes, dont Oakie et McMurray, qui finissent par intégrer le corps des Texas Rangers afin de mieux organiser leurs futurs mauvais coups. Bien entendu, ils vont connaitre les affres de dilemmes moraux mais dont ils ne sortiront pas indemnes.

Si dans un premier temps le film adopte un ton léger et humoristique, le drame et un certain suspense s'immiscent de manière brutale dans le récit à plusieurs reprises ébranlant les certitudes du spectateur. Assez déroutant mais pas désagréable, le contraste est quand même amené avec violence, trop lourdement pour donner au film une pleine linéarité.

Fort heureusement, si les aléas du scénario me laissent par moments dans une drôle d'expectative, la réalisation de King Vidor est souvent bluffante. Techniquement, il parvient à créer des cadres somptueux où deux actions simultanées se déroulent sans encombre sous nos yeux, donnant un incroyable souffle à ces séquences ainsi qu'une parfaite fluidité au récit. C'est vraiment bien conçu et filmé, très agréable à l'œil.

J'ai été également très surpris par la restitution sonore. Le film date de 1936 et pourtant on entend clairement le chant insistant des oiseaux, le moindre bruissement en fond. Ce n'est pas quelque chose que j'ai l'habitude de prendre en compte. Je ne sais pas vraiment pas pourquoi cela m'est apparu comme particulièrement remarquable. Étrange. En tout cas, cela compense un peu la mauvaise compression du dvd ultra-granuleux sur les plans très lumineux.

Un bon petit western, pas grandiose mais mignon.
Alligator
6
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le 17 avr. 2013

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Alligator

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