La Ligne Verte, réalisé par Frank Darabont et adapté du roman de Stephen King, est un film qui reste gravé dans la mémoire. Malgré sa longueur (plus de trois heures), le récit se déroule avec une fluidité et une intensité émotionnelle remarquables,captivant le spectateur du début à la fin. Ce drame carcéral, teinté de fantastique, est une puissante méditation sur l'humanité, l'injustice et la peine de mort.
Les points forts : Tom Hanks est impeccable dans le rôle de Paul Edgecombe, le chef des gardiens, incarnant à la fois la fermeté nécessaire et un humanisme profond. Face à lui, Michael Clarke Duncan est saisissant en John Coffey. Son interprétation du colosse au cœur d'enfant, à la fois terrifiant et terriblement doux, est le cœur battant du film et lui a valu une nomination aux Oscars.
Le film dénonce avec poignance le racisme et l'injustice d'un système judiciaire faillible. L'histoire de John Coffey, un homme innocent doté d'un don mystérieux, condamné à mort, est une métaphore déchirante de l'abus de pouvoir et des préjugés. Le message sur la compassion face à la souffrance du monde est fort et intemporel.
Darabont, déjà salué pour Les Évadés, excelle à créer une atmosphère étouffante dans le couloir de la mort (la "Ligne Verte"), tout en y injectant des moments de poésie et de magie via l'élément fantastique. La fidélité au ton de Stephen King est ici un gage de réussite.
Ce qui justifie la note de 8/10 (et non 10/10)
Malgré ces qualités éclatantes, le film présente deux faiblesses qui l'empêchent d'atteindre la perfection absolue.
Le Manichéisme Poussé à l'Extrême : C'est le défaut que j'ai soulevé. L'œuvre opte pour une distinction trop nette entre le Bien et le Mal. Les antagonistes, comme le gardien Percy Wetmore et le détenu "Wild Bill" Wharton, sont des incarnations de la cruauté pure qui frôlent la caricature. Cette simplicité morale réduit la complexité et les nuances psychologiques que l'on attend d'un drame carcéral de cette envergure.
La Tendance au Mélodrame Exagéré : Le film, dans son désir d'émouvoir, insiste parfois trop lourdement sur l'aspect christique et le sacrifice de John Coffey. Bien que l'émotion soit le cœur du récit, cet excès de pathos peut être perçu par les critiques les plus exigeants comme larmoyant ou manipulateur, diluant la subtilité du message au profit d'une démonstration sentimentale trop appuyée.
Conclusion : Ces quelques nuances – un scénario trop binaire et une tendance au mélodrame – sont les seuls éléments qui empêchent ce film d'être considéré comme un chef-d'œuvre absolu.
Néanmoins il parvient à mêler avec succès drame social et surnaturel. C'est une œuvre dramatique, poétique et magique qui interroge profondément l'âmehumaine et ne laissera personne indifférent. Un classique à voir et à revoir.