La Maladie de Sachs mêle les voix tantôt plaintives tantôt aigries d’âmes tourmentées que le secret médical protège comme un refuge ; cette polyphonie semble surnager au-dessus des scènes du quotidien, déliées de tout ancrage strict, compilées dans l’esprit de l’auteur-confesseur. Et c’est dans la valse des paroles que le film brille de mille feux : paroles dites à demi-mot ou au contraire affirmées avec aplomb, silences qui en disent long. Bien plus qu’une captation réaliste de la médecine rurale, le long-métrage met en scène le surnaturel à l’œuvre dans la guérison : une voix au téléphone ne demande qu’à être reconduite vers son ultime demeure, le chant des cigales accompagne les derniers instants d’une Méridionale, l’amour d’un médecin berce et sauve un nouveau-né jusque-là destiné à mourir. La Maladie de Sachs laisse planer le mystère du contact humain, l’énergie salvatrice que génèrent une simple attention, une écoute, un conseil. On en ressort profondément bouleversé. Un immense film. Avec d’immenses comédiens.