Noir c'est noir

Luis Saslavsky (1903-1995) était un réalisateur argentin ayant réalisé dans son pays quelques films, avant de fuir le péronisme. Il réalisa quatre films en France, dont cette adaptation de Simenon

Le récit se déroule dans un pays occupé pendant la Seconde Guerre mondiale. La France n’est pas citée pour contourner la censure, celle-ci estimant qu'il y avait trop de « mauvais français » dans ce film qu'elle qualifie de « contraire aux bonnes mœurs »,

La neige était sale est un film sombre, noir, qui suinte l'immoralité assumée avec cynisme, la veulerie. Frank (Daniel Gélin ) est un homme dépravé, froid et meurtri, chez qui on ne trouve aucune once d'humanité, mais il est conscient de la médiocrité de sa vie. L’acteur affirmait que ce film était sa meilleure performance : on ne peut qu'approuver son jugement.

Enfant, il a été malmené par sa mère maquerelle, sans amour. Devenu adulte, sa haine pour elle ne connait plus de limites. Il plonge dans un avilissement que seule éclaire l'image idéalisée de Suzy, sa douce et chaste voisine, éperdument amoureuse de lui. La déchéance volontaire peut-elle conduire à la rédemption ?

Un récit magistralement mis en scène, très bien interprété, qui offre quelques superbes plans, telle cette scène extraordinaire, digne des plus belles œuvres de Frank Borzage, où Suzy, à moitié nue, s'enfuit dans la neige qui n'est plus blanche… tandis que retentit le klaxon lugubre d'un train.