Adapté du roman de Jean Paul Dubois,le cas Sneijder, le film de Thomas Vincent a le mérite de savoir transposer l'univers de l'écrivain de façon remarquable. On retrouve donc un anti-héros lassé ( genre de personnage cher à Dubois) qui va devoir se dépatouiller d'une situation "caillou dans la chaussure" (souvent un point de départ dans les oeuvres de l'écrivain français). L'accident d'ascenseur auquel Sneijder a survécu et qui a coûté la vie a sa fille issue d'une première relation, est donc la situation qui va déterminer la suite de sa vie et de ses choix. Une véritable remise en question, une traversée du désert mais de jolies surprises sur le chemin de Sneijder. L'itinéraire d'un homme blessé,lucide et attachant. La construction du film est intéressante car elle nous permet de voir les principales facettes de Sneijder. Son regard sur le monde qui l'entoure est réfléchi, riche et sa capacité de réactions face aux bêtises récurrentes de l'existence est heureusement développée. Tout cela participe à la réaction du spectateur de voir en Sneijder un vrai combattant au delà des apparences et un homme ne voulant subir aucun diktat. J'ai bien aimé aussi son appréciation du drame de son accident d'ascenseur et sa façon de ne pas vouloir en faire profiter les arrivistes de sa proche famille.Une grande leçon d'humanité et de valeurs au milieu de requins dont la posture est affligeante.
Thierry Lhermitte, tout en retenue et avec l'expérience d'acteur variée qu'il a accumulé, livre une prestation formidable. Un vrai rôle dramatique pour lui qu'on ne voit plus guère sur grand écran. Le casting franco canadien offre aussi la confrontation bienvenue d'acteurs francophones comme dans les films de Xavier Dolan.
La Nouvelle Vie de Paul Sneijder vaut aussi pour l'adéquation de la musique planante avec le rythme lent du film. Ce cadre de Thomas Vincent apparaît alors vraiment comme l'extension même de l'esprit du personnage principal. Une grande réussite à voir et à jauger avec délice. Un dernier mot enfin pour l'homme en marche même s'il n'est que promeneur de chiens et qu'il gagne sa dignité d'homme debout en trouvant ses propres solutions. Au milieu du conformisme ambiant, de l'appréciation des succès professionnels souvent surfaits et factices pour l'épanouissement personnel (dont sa famille s'abreuve au quotidien), le choix de Sneijder est pourtant d'une indépendance d'esprit qui fait passer tous ces suiveurs qui l'entourent pour des imbéciles car ils n'ont pas les ressources pour trouver leur propre clé comme lui. Jubilatoire.

Specliseur
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le 11 juin 2016

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