Ils s'appellent comment déjà, ces jeunes japonais qui vivent cloitrés chez eux et refusent le monde extérieur ? Ah oui, des hikikomori. Eh bien, le personnage principal de La nuit a dévoré le monde leur ressemble : peu sociable et désireux de ne rien partager de sa vie. Moyennant quoi, quand une vague zombie déferle sur Paris, à mords que veux-tu, notre homme n'est pas si dépourvu en se retrouvant confiné dans un vaste immeuble hausmannien. Reste évidemment à empêcher l'entrée aux morts vivants (qui ignorent le digicode) et à passer le temps. Sur ce schéma minimal, La nuit a dévoré le monde fait preuve de beaucoup d'imagination, d'originalité et d'intelligence pour nous raconter la solitude du survivant. Aucune nouvelle du sort de l'Humanité ne parvient aux oreilles de notre héros qui d'ailleurs s'en soucie peu. Le long-métrage de Dominique Rocher se rapproche davantage d'une nouvelle version de Robinson Crusoé (avec Vendredi coincé dans l'ascenseur) que d'un film d'horreur proprement dit malgré plusieurs scènes très graphiques. Non, c'est l'aspect mental de son personnage qui intéresse le cinéaste qui réussit la prouesse de ne jamais nous ennuyer malgré un dépouillement extrême et à nous surprendre, souvent, grâce à une belle maîtrise de l'espace sonore. Il parvient même à nous faire sourire à deux ou trois reprises (l'épisode du chat). Anders Danielsen Lie, presque constamment à l'écran, est formidable avec son visage à la fois morne et expressif. Quant à Golshifteh Frahani et Denis Lavant, leur rôle est court mais extrêmement marquant.

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le 19 mars 2018

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