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Martine,une jeune et jolie rousse,est embauchée dans une maison de retraite en tant que gouvernante,un emploi que lui a trouvé son amant Serge.Il s'agit d'une grande propriété isolée,qui s'avère d'un abord inquiétant.Le gardien est un boîteux à sale gueule,la directrice est sévère,les pensionnaires sont bizarres et paraissent beaucoup plus jeunes que leur âge réel,il est interdit aux employées de sortir du site avant deux mois,le laitier surgit toujours à l'improviste,la collègue qui était déjà en place disparait mystérieusement et un serial killer tueur de femmes sévit dans la région.Malgré tout la fille s'accroche car elle est courageuse et a vraiment besoin de travailler,mais comme les étrangetés s'accumulent elle va se mettre à fouiner partout,au risque de découvrir une vérité atroce.Raphaël Delpard,réalisateur,coscénariste et coproducteur du film,était dans les années 70-80 une des figures du bis français,opérant notamment dans la comédie bas de gamme.Il a pourtant eu l'étonnante idée de se lancer dans le film d'horreur,un genre quasiment inexistant dans le cinéma français de l'époque,avec "La nuit de la mort" en 80 puis "Clash" en 84,deux tentatives qui ne seront pas couronnées de succès.Abandonnant la fiction au milieu des eighties,il se reconvertira dans les films documentaires et les livres historiques,avec une prédilection pour la guerre d'Algérie et la question juive durant la Deuxième Guerre Mondiale.C'est dommage que ça n'ait pas pris au vu de ce premier essai horrifique très réussi,d'autant que ça a été fabriqué avec très peu de moyens.Et pour cause car c'est une équipe issue du ciné Z,et notamment du porno,qui est ici à l'oeuvre.Le producteur est Claude Pierson,qui a produit et réalisé sous divers pseudos quantité de X de la grande époque du genre,et Delpard lui-même a fricoté avec le hardcore,réalisant en 79 "Lycéennes perverses",produit par Pierson,après avoir commis en 76 un soft intitulé "Perversions",tandis que sortait la même année que "La nuit de la mort" le porno "Esclave pour couple",avec Pierson à la réal et à la prod,Delpard au scénario et aux dialogues,Isabelle Goguey,la fille de Pierson ici actrice vedette,qui était assistante-réalisatrice,et Michel Gallon,directeur de production sur les deux films.Le montage de "La nuit" est signé Huguette Boisvert,scénariste de la plupart des X de Pierson,la musique stridente bien adaptée aux images est de l'excellent Laurent Petitgirard et la photo,à la crudité idéale,est l'oeuvre de Marcel Combes.On retrouve la patte de Delpard dans cette ambiance réaliste de France profonde à travers ce manoir isolé au milieu d'un grand parc,décor situé près de Senlis,qui rappelle le terrain de rugby entouré de champs de maïs de "Ca va pas la tête",la caserne paumée dans la campagne où se déroulait "Les bidasses aux grandes manoeuvres",film qui scella la rencontre d'un jeune assistant inconnu nommé Luc Besson et d'un acteur débutant nommé Jean Reno,ou le quartier pavillonnaire de "Vive le fric!".Quant au script,coécrit par Delpard et Richard Joffo,c'est finalement une histoire de vampires qui évoque fortement "Traitement de choc",sorti sept ans auparavant.L'atmosphère malsaine envahit l'écran tout du long et l'histoire,habile et originale,captive et intrigue constamment.Le réalisateur réintroduit certains éléments qu'il avait utilisés dans "Esclave pour couple",comme le personnage de l'orpheline engagée comme bonne par des pervers surtout désireux de la consommer d'une manière ou d'une autre,ou le thème du handicap feint.L'insolite est permanent,des rebondissements inattendus surviennent régulièrement et on ne sait jamais ce qui va arriver.Martine est fine mouche mais elle semble prise dans une toile d'araignée dont il parait difficile de s'extraire.La pression monte et l'étau se resserre autour d'elle à mesure que le compte à rebours défile,pendant que les personnalités des uns et des autres s'éclairent pour former un ensemble assez terrifiant.Un personnage innocent se trouve être la proie d'un complot machiavélique,alors que la pauvrette se révèle trop naïve face à des protagonistes tous indignes de confiance.Les scènes gore,en dépit du budget serré,sont fort bien exécutées grâce au talent imaginatif du maquilleur Ronaldo Abreu et du responsable des effets spéciaux Pascal Rovier,qui nous offrent des séquences impressionnantes et absolument dégueulasses.La résidence est exploitée adroitement par le réalisateur,qui en fait un piège angoissant parcouru par des retraités purement flippants.Certes,tout n'est pas parfait,le son est parfois très désynchronisé,les scènes finales de règlements de comptes entre Martine et les vieux sont mal fichues et plutôt ridicules,mais un twist cynique viendra au dernier moment rééquilibrer la narration.C'est donc Isabelle Goguey,la fille du producteur,qui tient le rôle principal et porte le film avec classe.A la fois ingénue et sexy,elle est l'objet de toutes les convoitises,du livreur dragueur à l'Igor de service qui tombe amoureux de toutes les employées successives,en passant par le pensionnaire qui veut des câlins et les autres vieillards qui l'observent se déshabiller avec gourmandise,c'est le cas de le dire.L'actrice ne fera hélas qu'une courte carrière,ne jouant que dans une poignée de films pour la plupart produits ou réalisés par son père,l'essentiel de son activité ciné ayant consisté à être l'assistante de celui-ci sur ses films de boules,curieux d'ailleurs de faire bosser sa fille sur ce genre de productions.Une Charlotte de Turckheim débutante est la seule vedette présente ici,son personnage de gouvernante énergique et autoritaire ne durant pas longtemps.Elle était alors mince et belle,son corps nous étant dévoilé lors d'une séquence ignoblement crade.Le dénommé Michel Flavius fait là sa seule apparition au cinéma,ce qui est regrettable tant sa laideur et sa bizarrerie crèvent l'écran.Il faut l'entendre répéter aux filles "vous épouseriez un homme comme moi?je ne dis pas moi,mais quelqu'un comme moi",ou se faire sa soirée fétichiste hystérique avec une poupée.La directrice glaçante est formidablement interprétée par Betty Beckers,actrice de second plan qui a énormément tourné pour Duvivier puis Sautet.La bande de vioques fout carrément la frousse,entre affabilité de façade et férocité dissimulée.Ce sont des professionnels peu connus qui campent ces cinglés qui ne veulent pas mourir.Seuls l'enrobée Jeannette Batti,qui était l'épouse d'Henri Genès,la maigrelette Germaine Delbat et l'adipeux Georges Lucas,une des gueules de chez Mocky,ayant une petite notoriété.Mais les autres sont tout aussi effrayants,qu'il s'agisse de Jean Ludow en faux paralytique ou Michel Debrane en révolutionnaire tricoteur.Il y a encore le grand échalas Pierre Helliet en laitier qui se pointe toujours par surprise,le futur cinéaste Jean-Paul Lilienfeld en voyou entreprenant ou Michel Duchezeau en rabatteur de filles.Ce dernier a fait,comme Goguey,une prolifique carrière d'assistant dans le porno en secondant souvent Gilbert Roussel.

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