La Pampa va faire partie des sélectionnés pour les César j’en suis certain. Maintenant qu’en est-il du film ? Il est très bien mais il présente plusieurs difficultés dont je dois vous parler. L’idée de parler des pensées rétrogrades en ruralité n’est pas mauvaise mais dans ce film elle implique à plusieurs reprises d’insister énormément sur des comportement stéréotypés, très peu complexes et quasiment pas nuancés, ce qui est selon moi loin d’être un bon témoignage de l’homophobie dans le milieu familial. Parce qu’on aborde aussi le thème de l’amour à des moments aléatoires, mine de dire l’amour intervient à retardement après le drame mais pour avoir entendu beaucoup de témoignages de ce genre de situations, ça ne correspond pas à quelque chose de manichéen : méchant / gentil. Alors la situation est très réelle et elle fait sans aucun doute écho à des faits avérés mais un thème comme celui-ci peut se permettre la nuance et d’aborder le thème en globalité. Et dans la gestion du drame je trouve qu’il est dommage de ne proposer aucun espoir, aucune porte de sortie pour ceux qui se reconnaîtrait à l’intérieur du long métrage. Il a été surprenant de ne voir aucune solution présentée, aucun numéro à appeler à la fin du film. C’est un film qui pèse le désespoir en son centre et ne prône qu’une prise de conscience partielle du vrai problème. Maintenant le film possède beaucoup trop de thèmes pour 1h30. On ne peut pas aborder pleinement l’homophobie, la recherche identitaire, l’orientation, le deuil, la pression familiale et l’adolescence en général dans un film aussi court. Ça donne quelque chose de condensé, très vague par moments, venant même à oublier quelque thèmes en plein milieu du film. C’est tellement intéressant à suivre mais on reste clairement sur notre faim. Les déséquilibres sont trop important au point même de rendre un personnage comme Jojo existant que sous le prisme de son homosexualité et de ses problèmes avec son père ce qui est passé à côté de toute nuance, et surtout de le rendre inexistant à côté du personnage de Willy. L’amitié entre Jojo et Willy est vraiment belle à suivre avec une belle alchimie mais le film est ponctué de moments qui viennent rompre dans le développent de ce lien et qui rend l’acte dramatique moins impactant. Sayyid El Alami est brillant dans le rôle de Willy, il a une aisance dans la transmission des émotions, c’est un acteur sensible qui n’a pas peur de se mettre à nu émotionnellement devant la caméra donc un César de la meilleure révélation masculine ne serait pas de refus.Je voulais quand même revenir sur les 20 dernières minutes qui sont quand même assez facile dans la résolution du problème. La question du deuil est expédiée comme si c’était un processus simple et court. Je trouve ça plutôt moyen comme message de ne pas venir à une vraie conclusion autour du père de Jojo et de Willy. Encore une fois je trouve que le film contourne un peu le problème et c’est dommage… Alors j’aime bien la proposition, les acteurs sont plutôt bon dont Artus qui je pense à surpris tout le monde car c’est un changement drastique de ton par rapport à ses autres films. Mais il y a beaucoup trop de problèmes pour que se soit un film que j’apprécie vraiment.