La Passion du Christ par Mickaël Barbato

L'adaptation du meilleur conte jamais écrit (avec les grecs, voilà l'un des puits sans fond de la créativité) est un peu étrange. On peut imaginer que le but de montrer les dernières heures du Christ est de parler de la foi, et c'est sans doute pour ça que Gibson s'est senti obligé de rajouter une personnalisation du Diable, bien ridicule, qu'on croirait sorti tout droit de Harry Potter. De même, l'idée des flash back est une fausse bonne idée, puisque ce qui doit avoir un impact, une signification sur les évènements en cours est parfois assez gratuit et ne sert qu'à ralentir un rythme plutôt bon. Par contre le choix de garder les langues d'époque est un choix payant tant elles habillent l'image.

Le travail sur la violence, le calvaire, est lui très bon. Certains choix sont tout de même agaçants, comme cette utilisation systématique du ralenti baignée d'une musique tribale. Là, Gibson va trop loin et tombe à chaque fois dans le mauvais goût, et surtout donne une dimension dramatique au personnage... alors qu'il n'en a vraiment pas besoin. Son acteur est suffisamment habité pour en rajouter une couche. Exemple typique d'un choix de réalisation envahissant. Malgré ça, si vous ne ressentez pas de la peine et de la douleur, vous êtes un bot. Alors oui, ça charcle, beaucoup, voir trop au point d'en être assez insoutenable lors de l'interminable flagellation, mais ça marche. Pas assez au point d'être un bon film donc, mais bien mieux que la réputation sulfureuse du film laissait présager.

Pour finir, je ne vois absolument pas de sous-texte antisémite. On parle de la Bible, il y a des choses dans le conte qui ne peuvent être changer. Jésus s'est fait balancer par Judas, c'est tout. Tout comme il est dit que le peuple accompagna le port de la croix jusqu'au Golgotha. Par contre, il est vrai que Gibson a fait le choix d'un Ponce Pilate qui semble plus qu'embarrassé : dégoûté par la situation et le peuple, mené par un Caïphe odieux. Mais du reste, pendant la flagellation (ignoble, vraiment), le lynchage, et la crucifixion, on a bien plus de gros plans sur des romains jugés comme des bêtes que sur des juifs. De plus, le juif qui aide Jésus à porter sa croix est l'occasion pour Gibson de filmer quelques plans d'une symbolique forte. Alors que le réa soit antisémite ou pas, mystère. Mais son film ne l'est pas.
Bavaria
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le 1 juil. 2012

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