Pour avoir grandi à proximité des lieux où il a peint ses plus belles toiles, je suis intimement attaché à l'histoire personnelle et à l'art de M. Van Gogh, que j'ai étudié, travaillé et retravaillé maintes fois en cours. Le fait est que La Passion Van Gogh n'est pas raté ; le tour de force est fantastique sinon inédit. Le film plaît aux yeux du spectateur et on sort du film avec des étoiles dans les yeux (le cinéma manque à mon goût d'audaces de ce genre. Non ?). Mais quand on connaît un tant soit peu le personnage de Vincent, quand on a auparavant lu ou vu tout ce qui concerne sa vie et son triste destin, on est frappé d'un terrible sentiment de déjà-vu ; et le jeu parfois superficiel de certains acteurs n'aide pas à s'investir totalement dans le film et à y croire ; fort heureusement, tout le monde n'est pas familier avec la peinture et l'histoire du génie Van Gogh - voilà ce qui explique son succès. C'est que - en ce qui me concerne - je n'ai pas eu l'impression de découvrir une nouvelle facette du personnage de Vincent ni même de rentrer un tantinet dans son intimité ne serait-ce qu'artificiellement ; en ça la structure de "film-enquête" ou "film à enquête" est regrettable. Le récit pèche davantage quand il échoue à éviter le plus grand écueil du genre biopic : l'idéalisation du personnage représenté. Malgré tout, j'ai été ému à plus d'une reprise mais on doit bien ça au tragique de l'histoire de M. Van Gogh qui est par essence malheureuse.
J'aurais aimé que le film répondît à cette dernière question que pose Vincent à Théo, dans cette ultime lettre, écrite (on pense) aux environs du 27 juillet 1880.
Eh bien ! mon travail à moi, j'y risque ma vie et ma raison y a fondré à moitié, - bon - mais tu n'es pas dans les marchands d'hommes pour autant que je sache, et tu peux prendre parti, je le trouve, agissant réellement avec humanité, mais que veux-tu ?
Mais c'est se montrer trop exigeant.
Sans doute, le film plaira aux néophytes. Et c'est tant mieux.