Mon shining s'agite et résonne.


Il me dit que vous vous êtes rués en bas de ce billet et que quand vous avez découvert la note plus que généreuse de 7, vous avez pensé un truc du genre "Quel con, ce masqué, il a encore craqué son slip. Comme pour X-Men Apocalypse et Baby Boss... Oh le lourd !"


Si, si. je l'ai entendu dans ma tête.


Tout d'abord, il faut que je vous dise que je n'ai lu aucun des pavés de Stephen King. Oui, je sais, je suis un inculte en matière de littérature.


Je ne serai donc pas le meilleur des juges pour vous dire d'y aller en courant toutes affaires cessantes, que c'est génial et que cela respecte les bouquins. Ou au contraire, qu'il faut fuir cette ignominie à toutes jambes et qu'il faut pendre le réalisateur haut et court.


Cependant, il n'est pas nécessaire d'avoir lu les bouquins, je crois, pour cerner le principal défaut du film. En effet, réduit à une heure trente générique non compris, il est évident que des chapitres entiers, des parties de l'univers de King ou certaines péripéties sont passés à la trappe. Pas de doute là dessus. Et c'est le rythme du film tout entier qui s'en ressent. Ainsi que les contrées traversées, qui se résument à l'entre-monde et certains quartiers de New York.


Le début de La Tour Sombre prend pourtant le temps pour développer, un peu, la famille de l'enfant lumière, les rêves qui agitent ses nuits, ses conflits, sa psychologie qui paraît troublée. En parallèle, le monde se dessine sous la caméra de Nikolaj Arcel, aride, désolé, mais intriguant, parfois superbe une fois les décombres soulevés. Beaucoup des obsessions et des thématiques chères à King s'y retrouvent, tout en tissant un lien avec le shining de son oeuvre peut être la plus connue. C'est là que La Tour Sombre réussit à entraîner le spectateur dans son univers. A faire qu'il croit en sa mythologie et aux vestiges de son monde multitude. A donner envie de mettre la main sur les bouquins une fois la séance achevée. Son pistolero et son magicien n'y sont pas non plus pour rien. Surtout son pistolero, comme tout droit surgi d'un western crépusculaire, empruntant l'ultra charisme d'Idris Elba.


Dans La Tour Sombre, la nuit est rythmée par les intrusions monstrueuses, rares cependant, mais assez bien menées. Le spectateur en attendait peut être plus de ce point de vue, surtout connaissant les attirances constantes du bigleux du Maine en la matière.


Plus de péripéties, le spectateur en aura, pour sûr, dans une seconde partie au rythme qui engage soudainement la surmultipliée, comme si le réalisateur avait les yeux rivés à sa montre, à l'instar du lapin blanc d'Alice et son gousset, en train de hurler des "Je suis en retard !" affolés.


Exit la caractérisation, des personnages qui auraient pu donner plus de chair au récit, ou encore l'affect et le dépaysement du monde multiple qui nous a été présenté. Reste une action totale qui, si elle permet à son pistolero de s'illustrer, oublie littéralement de respirer et simplifie à l'extrême les enjeux, devenus plus que primaires. Les plus critiques pointeront sans doute aussi du doigt une adresse au tir tendance Wanted qui est loin d'avoir plu à tout le monde, à entendre certains commentaires bas du front en sortant de la salle.


Mais Behind a passé un bon moment. Behind a apprécié, bien qu'un peu frustré. C'était agréable, sans être transcendant. D'où ce généreux 7 et une certaine envie de voir la suite, qu'elle soit proposée au cinéma ou sous forme de série dans le giron de certaines plateformes de VOD désormais bien connues. Où l'univers sera étendu dans les proportions qu'il mérite, tant sa richesse, dans La Tour Sombre, ne semble qu'effleurée, laissée dans l'ombre.


Je sens mon shining qui me prévient que les aficionados de King ont déjà les mains pleines de graviers pour en faire le plus outrageant des usages sur le masqué. Il me dit aussi de courir très vite et très loin afin d'éviter l'agression. Mais tant pis. J'assume. Je ne suis qu'un inculte littéraire, après tout.


Behind_the_Mask, sombre héros.

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le 9 août 2017

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