Le volet Rêves de La Trilogie d'Oslo commence fastidieusement. Le premiers tiers, à 90% composé de monologues sur plans aléatoires, est un teen movie classique et caricatural, si ce n'est l'objet du désir de cette lycéenne : sa professeure (de français, évidemment). On y suit la naissance du désir (et tout commence par un livre, rah ces maudits écrits qui pervertissent les femmes), sa beauté et sa tragédie, ses excès et ses espoirs. Bref, rien de nouveau sous le soleil, tout le monde a été amoureux à l'adolescence.
Si les deux autres tiers ne se départissent jamais de l'aspect caricatural (le psy, l'écriture, les grandes envolées sur "les êtres humains ne cherchent que la chaleur humain blabla"), ils se démarquent en apportant d'autres perspectives. La mère et la grand-mère, mises au courant par la fille de ses tourments grâce à un texte apparemment très intense et poétique, vont avoir des ressentis opposés et évolutifs : colère contre la professeure, admiration du talent littéraire, empathie pour le désespoir amoureux, jalousie de ce transport et de ce talent, débats heureusement minimes sur le féminisme (car oui ce n'est pas parce qu'une œuvre traite de l'amour entre deux femmes qu'elle est féministe). Ce qui donne à l'histoire un peu plus d'épaisseur et d'intérêt, en évoquant tour à tour politique, foi, art et confessions plus intimes.
L'esthétique du film est globalement réussie, malgré des plans d'escaliers à tout bout de champ. L'atmosphère est essentiellement grise et terne, à part la chaleur de l'appartement de la professeure, reflet réussi des tourments de notre jeune tourterelle. Les plans des dialogues sont souvent séparés (plan sur le personnage qui parle uniquement), comme pour montrer la distance irrémédiable entre les personnages qui ne se comprennent pas, et qui donne parfois lieu à des dialogues à la Dupieux ("-j'ai soif -tu veux un yaourt?"). Personnages qui ne se comprennent même pas eux-mêmes, comme la lycéenne qui affirme, avec raison, que ce n'est pas parce qu'elle est amoureuse de sa professeure qu'elle est attirée par les femmes en général - avant de repartir à la fin du film vers une autre aventure, féminine elle aussi.